Un blockbuster dont les divers trailers, clips et spots TV 
                  ne dévoilent rien et respectent l'intégrité 
                  de l'oeuvre ? On était en droit de s'attendre à 
                  quelque chose de... d'énorme !
                  Et bien, justement, je souhaitais faire la critique de cet Avengers 
                  3 à travers le prisme de ce que j'en attendais. 
                  Il y avait deux principaux challenges à relever sur ce 
                  projet gigantesque : faire vivre autant de personnages dans 
                  une espèce de film choral super-héroïque 
                  et nous présenter un Bad guy digne à la fois de 
                  son nom et de sa réputation (sans parler de l'attente 
                  que l'on nourrissait à son égard). Et on pourrait 
                  ajouter : ne surtout pas faire de sa réalisation une 
                  purée d'images infectes et nous surprendre au-delà 
                  de l'éternel combat Bien / Mal. Le résultat est 
                  à la hauteur, pas vraiment parfait, mais le pari est 
                  tenu haut-la-main.
                  Vous connaissez la maxime : pas de bon film sans un bon méchant 
                  ; AIW tient pour l'essentiel sur les seules 
                  larges épaules du génial, de l'incroyable, du 
                  splendide Thanos. Et d'ailleurs la toute première scène 
                  assoit parfaitement ce géant, autant dans ses desseins 
                  que dans sa cruauté : le héros, ce sera lui. Définitivement. 
                  On n'avait pas eu droit à un aussi puissant Bad guy depuis 
                  fort longtemps, dans un tel film de facture Hollywoodienne ; 
                  monstrueux et à la fois profond, touchant même. 
                  Ces motivations aussi naïves qu'abjectes font littéralement 
                  froid dans le dos tant elles nous renvoient à des considérations 
                  toutes terrestres...
                  Je voudrais avant tout revenir, consécutivement à 
                  cette 1ère scène, sur ce qui constitue le (s) 
                  défaut (s) majeur (s) du film ; à mon sens. Car 
                  je ne suis pas resté complètement accroché 
                  à l'histoire ; en tous cas pas autant que je l'aurais 
                  souhaité. Et ces défauts couvrent la première 
                  moitié du film. L'écriture de certains passages, 
                  de certains caractères ne m'ont pas happé... Il 
                  y a même des scènes plutôt mal écrites 
                  : la promesse faite à Gamora, trouvant son effet directement 
                  dans la séquence suivante, est très maladroite 
                  par exemple. De même cet humour -une espèce d'obsession 
                  chez moi !- qui souligne trop souvent, comme une espèce 
                  d'obligation contractuelle, ce qui reste avant tout un drame 
                  : trop présent dans la 1ère partie, un peu forcé 
                  et tout azimut, trop appuyé et ne sachant pas s'arrêter 
                  à bon escient ; bien qu'il soit toujours contre balancé 
                  l'instant d'après. Le scénario semble se chercher 
                  un peu dans sa manière d'aborder l'essence de l'histoire, 
                  notamment dans ce que je nommerais l'émotivité. 
                  Un peu à l'image du texte, la réalisation se trouve 
                  un peu brumeuse au début, un peu serrée mais elle 
                  va peu à peu s'ouvrir, avec à la clé de 
                  somptueuses envolées lyriques et son lot de moments intenses, 
                  s'autorisant même quelques plans absolument parfaits.
                  A contrario les personnages sont tous très bien écrits, 
                  pas un pic de gras scénaristique de ce côté, 
                  le scénario étant parfaitement équilibré 
                  de ce point de vue, avec tellement de résonnance dans 
                  les dix années passées, à travers chacun 
                  des films du MCU. Mention spéciale pour le Doctor Strange 
                  qui ne m'avait pas complètement bluffé dans son 
                  film solo et qui, ici, s'empare d'une bonne partie du film. 
                  Les fils de Thanos feront tout autant un passage remarqué 
                  et remarquable : ils sont beaux et ne joueront jamais les simples 
                  rôles de faire-valoirs puisque leur présence pèsera 
                  de tout son poids. 
                  Si l'humour paraît moins inutile a posteriori, c'est parce 
                  que le film va crescendo, à la fois dans la dramaturgie 
                  du scénario, de par un montage alterné de plus 
                  en plus serré et dans sa tonalité finale, où 
                  tout gags sera proscrit. On y trouvera alors les scènes 
                  les plus puissantes de la saga, véritablement chargées 
                  en émotions, de celles qui vous emportent irrémédiablement. 
                  S'il y a quelques scories, on ne pourra oublier l'impression 
                  finale, ce dénouement proprement apocalyptique, inattendue 
                  et bluffant qui vient balayer d'un des plus beaux revers de 
                  la main nos précédents a priori. Surprenant et 
                  très audacieux.
                  Notons enfin la présence de la compo musicale la plus 
                  réussie de la trilogie, elle participe pour beaucoup 
                  à la force de l'oeuvre et à l'intensité 
                  des séquences.
                  Avengers : Infinity war est donc un pur balai 
                  d'effets et de séquences d'une belle densité, 
                  format XXL (combats titanesques divinement maîtrisés), 
                  très bien pesées (la symbiose fantasmatique entre 
                  certains personnages !), très bien pensées, une 
                  œuvre totalement, définitivement épique avec 
                  laquelle on en prend plein les yeux, les oreilles et les sens 
                  ; et dont on sort estomaqué.
                
                NOTE : 15-16 / 20