Une scène, filmée en plan-séquence, et 
                  le film en dit déjà long : les Vengeurs sont ensembles, 
                  le lien est fait avec le 1er épisode ; et le tout se 
                  termine par un plan où l'on replonge gaiement dans les 
                  fameuses pages pleines ou double-pages de nos comics préférés. 
                  Nous voilà, pour le moment, complètement rassuré. 
                  Car mes principaux doutes vont très vite prendre vie 
                  à l'écran : le film va manquer d'une certaine 
                  cohésion et d'une certaine dose de conviction. On sent 
                  dans l'écriture que le trop-plein de personnages pèse 
                  lourd dans le récit ; on y retrouve des "bouts de 
                  scène" qui, sous le prétexte effectivement 
                  judicieux de faire évoluer les personnages, ce qu'ils 
                  font, ne vont peut-être pas assez loin. Même si, 
                  étrangement, la force du film réside également 
                  dans ses personnages, leur diversité et leur teneur, 
                  autant que leur aspect fantastique... D'un côté 
                  le très shakespearien Ultron s'octroie de belles scènes, 
                  d'un autre côté la love story du film peut paraître 
                  assez légère, bien que logique ; d'un côté 
                  Hawkeye se taille la part belle, de l'autre Thor reste un peu 
                  effacé, réduit un peu au stade de faire-valoir 
                  comique (Cf. la scène avec Seilvig, presque déplacée) 
                  ; d'un côté Captain a complètement trouvé 
                  sa place et ronronne un peu, de l'autre Vision promet d'être 
                  un personnage aussi savoureux que dans le comics, entre humanité 
                  et robotique... L'aspect "double maléfique" 
                  -tout en nuances également- d'Ultron vis à vis 
                  de Stark aurait également mérité plus de 
                  dialogues et de temps. La scénarisation est parfois trop 
                  légère : la naissance d'Ultron traitée 
                  à la-va-vite, la re-conversion des jumeaux jamais mise 
                  en interaction avec Tony Stark et les scènes de rêves 
                  presque parasites, ne nous impliquant pas émotionnellement. 
                  Et dans le fond les Avengers vont une nouvelle fois sauver le 
                  monde d'un fou qui veut le réduire à néant 
                  ; avec encore une fois certaines nuances puisque tous les méchants 
                  ne sont pas ce que l'on croit et que le bad guy en question 
                  en impose de par sa puissance physique et ses pouvoirs. Et que 
                  le film s'épaissit grâce à ses rôles 
                  secondaires, extrêmement nombreux. 
                  En gardant ces réserves en tête, des détails 
                  parfois, le film marque toutefois de nombreux points. La photo 
                  que l'on notera immédiatement plus ténébreuse, 
                  de grandes scènes, de belles surprises (l'histoire des 
                  jumeaux), un humour qui fait toujours autant mouche (la scène 
                  haute en couleur et très sérieuse avec la Vision 
                  et sa conclusion hilarante). Les scènes de combats sont 
                  impressionnantes, et ce ne sont pas forcément les plus 
                  titanesques les plus réussies (celle du Hulkbuster est 
                  sans doute trop poussive ; mais en même temps...). Mais 
                  selon moi là où le film écrase réellement 
                  la concurrence des blockbusters, c'est au niveau de la réalisation 
                  étonnante de J. Whedon, qui rentre de ce fait au royaume 
                  de mes idoles. La lisibité et l'implication dans les 
                  scènes d'action, n'oubliant pourtant pas les mêmes 
                  placements subtils de caméra que l'on pouvait voir dans 
                  l'épisode précédent, et à l'autre 
                  bout un filmage posé, somptueux, gratifié de plans 
                  amples, majestueux, visuellement très travaillés, 
                  aussi léchés que référentiels et 
                  significatifs. Sans doute plus visuel que l'opus 1, L'ère 
                  d'Ultron n'oublie pas pour autant que Whedon est un tisserand 
                  scénaristique : dommage, vraiment, que son ambition cloue 
                  les enjeux du film, un peu maigres, et qu'il sacrifie sur l'autel 
                  du plaisir du plus grand nombre de fans un liant plus solide.
                NOTE : 15-16 / 20