Doctor Strange à la recherche du livre perdu.
                  Sam Raimi est le premier atout de ce nouveau et Nième 
                  film du MCU (Marvel Cinematic Universe). Il se marie parfaitement 
                  à un scénario un rien plus dark, plus libéré, 
                  il lui insuffle un peu plus de vie que nombre d'autres oeuvres 
                  du même acabit sorties récemment. Sans retrouver 
                  toutefois la virtuosité et la fougue de ses jeunes débuts, 
                  ni même la subtile mise en images de ses 3 spidey, qui 
                  en faisait de véritables BD vivantes : mais l'ouvrage 
                  sort de son carcan, se permet quelques disgressions bienvenues, 
                  nous apporte une dose de fun jamais suranées et plutôt 
                  décomplexé. Et la partition totalement folle de 
                  ce diable de D. Elfman rend le film encore plus halluciné 
                  (la bataille de notes est un grand moment de cinéma inventif). 
                  
                  Autre atout et non des moindres : ne pas céder à 
                  l'apport d'un nouveau bad guy sorti de derrière les fagots 
                  et s'appuyer sur les acquis du MCU. En utilisant l'évolution 
                  même des personnages, celle issue des autres films autant 
                  que des séries dérivées (avec les limites 
                  que l'on évoquera plus bas...), le scénario finit 
                  de donner naissance à l'un des méchants les plus 
                  puissants mais également les plus emblématiques 
                  et fascinants de cet univers, touchants et pathétiques 
                  car profond et profondément humain derrière son 
                  statut de "super-humain", apportant à l'entreprise 
                  Marvel ce qui lui manque souvent : une ampleur émotionnelle, 
                  une sensibilité non feinte.
                  Mais le film va bien au-delà d'un voyage visuellement 
                  bluffant, bourré d'idées enthousiasmantes, débordant 
                  d'imagination, beaucoup plus croustillant en terme de violence, 
                  et même osé, dirais-je, puisque saupoudré 
                  d'images renvoyant aux versions alternatives et zombiesques 
                  de nos héros. On se rend conte dans ce Doctor 
                  Strange 2  combien le multivers se marie à la 
                  perfection avec les débordements, les couleurs, les excentricités 
                  d'un univers propre à Stephen Strange. Et c'est son atout 
                  majeur à mon sens (celui d'un fan de la première 
                  heure, ayant débuté la lecture de ces comics à 
                  la fin des années 70) : ce Doctor Strange retrouve tout 
                  ce qui faisait le charme presque kitsch mais ravageur du comics 
                  d'origine et m'a irrésistiblement donné envie 
                  de me replonger dans ma vieille collection ! 
                  Plus tortueux, plus adulte, plus surprenant, plus prenant, plus 
                  malin, empli de second rôles renversants, de nouveaux 
                  personnages et de retours prometteurs (et d'un clin d'oeil délicieux 
                  : "Ash" se boxant !) qui nous font à nouveau 
                  trépigner sur notre fauteuil : je n'avais pas été 
                  aussi emballé par un Marvel depuis Infinity 
                  wars & Black 
                  panther. 
                  Je lui trouverais cependant un défaut, plus inhérent 
                  à l'entreprise Marvel qu'au film en lui-même : 
                  ceux qui ont malheureusement zappé la série "WandaVision" 
                  perdront beaucoup en compréhension subtile et en charge 
                  émotionnelle. Ou comment forcer les spectateurs / fans 
                  à regarder l'intégralité du MCU afin d'en 
                  posséder absolument tous les codes (et donc s'abonner 
                  à Disney+...).
                NOTE : 15-16 / 20