Mon personnage Marvel préféré continue 
                  de "dénoter" génialement dans l'univers 
                  des super-héros : et ce n'est pas la triple destruction 
                  d'Héliporteurs qui y changera grand chose. 
                  Car ce Captain America 2 n'a pas tant été 
                  traité comme un film de fantasy qu'en tant que film d'espionnage 
                  qui nous replonge joyeusement dans la décennie 70, faisant 
                  renaître (un mot approprié, n'est-ce pas ?) de 
                  leurs cendres tous les codes du genre et donnant au film un 
                  très doux parfum de cinéphilie aigüe, une 
                  sériosité irréprochable : en donnant un 
                  rôle clé au très indépendant R. Redford 
                  (qui a joué dans Les 3 jours du condor 
                  ou Les hommes du président, et dont 
                  retrouve ici un peu de McKay...), en insistant 
                  sur le "Trouble man" de M. Gaye datant de 1972 et 
                  en n'omettant aucun code secret ou passage dévoilé, 
                  ni complot ni trahison, pas même un effet de "masque" 
                  ou un dialogue très clair à ce sujet (Le Faucon, 
                  à la fin, dit ne pas être un espion), ni un retournement 
                  de situation typique même si très prévisible. 
                  J'ai même senti dans ce SHIELD à double tête 
                  un parfum de C.I.A., versant sombre : celle qui a commis moult 
                  exactions partout dans le monde, et notamment au Chili en... 
                  1973. 
                  Un film complètement culotté qui ferait passer 
                  son cousin britannique James Bond pour un amateur ! Et ce n'est 
                  pas tout : les scénaristes, forts de l'inconséquence 
                  et de l'humour rasoir d'Iron 
                  man 3 auraient pu se lancer dans un développement 
                  très "Captain America découvre internet et 
                  le téléphone portable", façon "Les 
                  visiteurs" et verser bêtement dans la comédie 
                  (même si les répliques qui tuent, en fin de presque 
                  chaque scènes, paraissent souvent superflues), mais non 
                  ; Captain est bel et bien différent de ce monde qu'il 
                  découvre, mais sa différence est toute morale, 
                  conceptuelle. Il court encore après cette fichue liberté, 
                  celle-là même que nos contemporains semblent bel 
                  et bien avoir abandonné au profit d'un monde asceptisé 
                  où les attaques préventives tendent à se 
                  normaliser, tout comme les intrusions aux dommages collatéraux 
                  irréparables mais que l'on nous vend comme nécessaires. 
                  Captain est bien un plus qu'un soldat : il est le représentant 
                  d'une certaine forme de sagesse perdue... 
                  Autre chose : les frangins Russo s'avèrent vraiment très, 
                  très à l'aise avec les scènes posées 
                  (de beaux effets de miroir, des angles soutenus, une certaine 
                  réflexion derrière leurs différents choix) 
                  mais un peu plus tendus dans les scènes d'action, aux 
                  tendances épileptiques et abusant de caméras portées 
                  à l'épaule. Au final ce nouvel opus s'avère 
                  être un actioner "light" (le feu d'artifice 
                  final est-il de trop ? Trop calqué sur Avengers 
                  ?), traditionnel, fait de beaucoup de sueur, de cascades live, 
                  de gunfights et d'explosions en plateau, appuyé sur un 
                  fort scénario qui sait surprendre et tenir en haleine 
                  le spectateur, une histoire complète, très équilibrée, 
                  évolutive, logique et parfaitement bien imbriquée 
                  dans son univers, n'hésitant pas à nous montrer 
                  de longues scènes dialoguées et une fin assez 
                  ouverte. 
                  On y accueille avec passion de nouveaux héros ou bad 
                  guys (Le faucon, le "mariage" réussi entre 
                  Cap & Black widow, de plus ou moins brefs retours et un 
                  véritable méchant, ambivalent et tout en finesse, 
                  sans aucun super-pouvoir). L'univers cinématique Marvel 
                  se construit pas à pas, sans précipitation, avec 
                  serénité et force d'intelligence, mariant le plus 
                  brillamment possible le respect du matériau originel 
                  et l'innovation la plus brillante. Et le clin d'oeil sur l'épitaphe 
                  est à mourir de plaisir ! 
                NOTE : 15-16 / 20