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INTERVIEW de Stephen Cafiero et Vincent Lobelle, réalisateurs des DENTS DE LA NUIT :

On ne vous connait pas encore, alors présentez-vous messieurs les réalisateurs !

Nous sommes issus de publicité, milieu que les journalistes adorent détester, et où nous avons appris, et continuons d’apprendre, énormément. Nous avons été créatifs en agence pendant une petite dizaine d’années avant de nous lancer dans la réalisation. Plus d’une 100aine de spots à ce jour. « LES DENTS DE LA NUIT » est notre premier long métrage.

Ca vient de moi où y-a comme une ambiance à la Bal des vampires ? D'autres influences ?

Evidemment, lorsqu’on lit les premières lignes du synopsis, c’est tout naturellement au « Bal des Vampires » que l’on pense en premier.
Même si c’est vrai que l’on parlait entre nous plus souvent de « Shaun of The Dead », car c’est la dernière comédie horrifique, brillante, en date. Nous avons également beaucoup parlé de films de zombies, genre que nous affectionnons particulièrement, lors de la confection visuelle des vampires (« Dawn of the Dead » de Zach Snyder par exemple) car nous voulions une image dépoussiérée du vampire (avant toute chose, le vampire est un mort vivant). Nous avons depuis vu « 30 days of Night » où il est amusant de constater que le réalisateur a eu une démarche similaire.
Une autre source d’inspiration de Pierre-Olivier Persin, responsable des maquillages, était des livres de médecine médico-légale, absolument terrifiants, car il était clair pour nous que nos morts-vivants devaient être aussi « réalistes » que possibles. Ce n’est pas parce que c’est une comédie qu’il fallait que l’aspect horrifique et fantastique soit sacrifié.

Les premières images nous montrent clairement une pure comédie... pas un poil de gore ? Aucun risque d'interdiction aux moins de 18 ans ?

Nous pensions initialement faire plus peur et être plus gore que le film ne l’est aujourd’hui. On s’est rendu compte lors des premières projections de travail qu’être trop efficace dans ce sens faisait sortir les spectateurs de la comédie, ils remettaient trop longtemps à revenir dans le film et à reprendre plaisir aux gags. Nous avons donc décidé, sans que personne ne nous le demande, de couper dans le sanglant. Car notre objectif premier et indéfectible, c’est la poilade. Les curieux pourront toujours voir les scènes coupées dans le DVD.

A ce propos : un commentaire à propos des démélés de P. Laugier et son Martyrs ?

Nous ne l’avons pas encore vu mais « Mad Movies » qui présente le film comme le plus grand film d’horreur français de tous les temps donne évidemment envie de voir ça. Quant à l’interdiction aux moins de 18 ans, ça ne semble pas être la solution, mais encore une fois, on ne l’a pas vu.

Quels sont vos références et modèles en matière de comédies (horrifiques) ?

Bizarrement, il n’y a pas 10 000 comédies d’horreur qui nous reviennent spontanément.
On aime les films d’horreur et fantastiques : « Zombie » de Roméro, « L’exorciste » , « L'échelle de Jacob », « Halloween », « Alien »… au finish, pas de film des années 70 fait par de grands réalisateurs « classiques »… Récemment, la première demi-heure du « Phénomènes » de Shyamalan est extraordinaire, le reste du film l’est beaucoup, beaucoup moins. Chez les français, nous avons un excellent souvenir de « Simple mortel » de Jolivet.
Du côté des comédies, on adore les films des Farrelys, ceux de Judd Apatow, de Wes Anderson, les films de la bande Stiller-Wilson-Ferrel-Carrel, « Un jour sans fin », les vieux ZAZ. Chez les français, évidemment les Nuls sont la référence, on adore aussi « OSS », « Les portes de la gloire », « C’est arrivé près de chez vous »…

Mais des comédies d’horreur pas trop.


Avez-vous rencontré des difficultés pour monter ce film et à quel niveau ?

Il faudrait vous tourner vers les producteurs qui travaillent sur le projet depuis 5 ans. Effectivement, le film de genre peine à lever des fonds. Nous sommes arrivés tard, sur le projet, en 2006. Le scénario existait déjà, c’était un pur « survival ». On a décidé d’en faire une comédie, car c’est ce que nous voulions faire. Les choses se sont débloquées à ce moment-là, ce n’est pas un secret que les comédies sont plus faciles à monter que les films d’horreur. Même si facile dans notre cas n’est pas non plus le mot approprié. Heureusement pour nous, il y a eu des personnes courageuses, producteurs, comédiens, qui ont eu l’envie de voir un film hexagonal, disons différent, se faire.

Pourquoi le film a-t-il changé de titre (ex-La nuit Médicis) ?

C’est effectivement le titre original. Joli certes mais nous trouvions qu’il avait une connotation sérieuse, trop historique. Avec « Les dents de la nuit », on est dans la double référence entre « les dents de la mer » et « les griffes de la nuit », ça en devient marrant. On annonce la couleur.

Le film est une co-production : trop difficile de trouver des fonds uniquement en France ?

Plus on est de fous, plus on ri.

Visuellement le film a l'air de claquer pas mal : qui s'est occupé des effets spéciaux ?

Nous avons effectivement pris grand soin de la direction artistique en général, des effets spéciaux en particulier. Pierre-Olivier Persin et ses équipes se sont remarquablement occupés des effets spéciaux maquillages, avec énormément de talent et d’implication. Ace, société belge d’effets spéciaux numériques, s’est occupé de la 3D. Pas loin de 300 plans truqués au final. C’est pas Star Wars mais c’est déjà pas mal de boulot.

Comment on peut gérer moins de 6 M€ de budget et garder une certaine ambition visuelle ?

En ne lâchant sur rien. En convainquant tout le monde, à chaque poste, que l’ambition visuelle du film fera partie de son succès, qu’en matière de fantastique les standards pour tout le monde sont américains et livrer du fantastique « cheap », n’a aucun sens, décevra le public et donc revient à un suicide commercial. D’où notre implication constante ainsi que celle de nos équipes qui se sont toutes battues, pour en arriver à ce résultat. Avec une enveloppe budgétaire qui n’est pas éternellement extensible, c’est la passion et le travail qui font la différence. Clairement, notre film est avant tout une comédie mais nous ne croyons pas trop nous avancer en disant que les amoureux du fantastique pourront y trouver un certain plaisir, visuel justement, dans les effets spéciaux, les décors, le maquillage, la tension. En revanche leur dire qu’ils auront avec les « DENTS DE LA NUIT », la trouille de l’année serait un mensonge.

Pourquoi une comédie : désamorcer le trop-plein de violence des productions actuelles ?

Notre ambition n’est pas d’avoir un discours sur les autres productions actuelles, ô non. Notre plus grande ambition est de faire rire, de divertir, aussi simplement que cela, de faire sortir les spectateurs de la salle avec la banane.

Une sortie au mois d'août est très délicate pour une oeuvre française : n'auriez-vous pas préféré une période plus "propice" au succès, loin de l'été américain ?

C’est le distributeur qui décide de la date de sortie du film. Il décide de ce qui est pour le film, la meilleure période : en fonction du public et des films concurrents.
Mais il est évident que sortir un film français en plein été reste un pari que peu de films français parviennent à relever.

Un commentaire, une réflexion sur l'état du ciné fantastique made in France ?

Etant partie prenante, on ne peut que l’encourager. Et espérer que le public français ait pour sa production fantastique le même engouement que les espagnols pour la leur (remarquable de qualité au demeurant).


De quoi sera fait l'après-Les dents de la nuit ?"

On y travaille, on réfléchit, on écrit. D’autres comédies forcément, pas forcément fantastiques celles-là.