EDITORIAL de JUILLET 2009
Il est des fois où je me pose de drôles
de questions ("C'est quoi cette bouteille de lait ?") ; du
genre : mais quelle peut bien être la différence entre
un film d'épouvante et un thriller, entre un film d'horreur et
un thriller (d'aucun trouveront que le film d'horreur est, pas essence,
plus gore, plus visuel, alors que le film d'épouvante repose
plus sur les ressorts de la frayeur scénaristique) ? Cet édito
n'est pas là pour vous apporter une réponse absolue, mais
pour vous forcer à réfléchir -ou pas- sur la notion
de "genre"... mais vous faites vraiment comme vous voulez,
hein !
Dans les deux cas le film en question est censé
apporter aux spectateurs un minimum syndical au niveau du suspens scénaristique,
une peur, une angoisse plus ou moins diffuse et une insécurité
relative quant aux rebondissements du scénario. En effet dans
les deux genres qui nous intéressent, pour caricaturer un peu,
une menace vient perturber un ou plusieurs personnages, pouvant à
tout moment faire basculer leur vie ; le récit est globalement
vu par les yeux des victimes. Alors elle est où cette différence
?
Est-ce que le thriller devient "film d'épouvante"
uniquement et seulement lorsque l'argument prend pied dans la fantaisie,
le fantastique ? Alors pourquoi tout le monde classera sans tiquer Halloween
et Vendredi 13 dans la
catégorie des films d'horreur plutôt que dans celle des
thrillers alors que ces deux films (en omettant la conclusion de V13...)
sont des films de tueurs, de ceux qui hantent nos JT ? Le côté
"hémoglobine" et outrancier ? OK : s'il y a du sang
et un certain sadisme (un plaisir coupable pour le spectateur..), nous
apparenterons le film au genre horrifique.
Mais alors que dire et comment classer une oeuvre comme Psychose
qui, sans trop verser de sang aborde le thème de la folie ? Ou
encore Shining, dont l'ambiance
est le moteur de notre peur ? La folie était-elle plus "fantastique"
que la vue d'un serial killer ? Justement, combien d'immenses revues
de cinéma fantastique ont consacré leur couverture à
un certain Seven en 1995 alors
qu'aucun élément fantastique ne permet de qualifier ce
film de "film d'horreur" et que le tueur est un serial-killer
des plus réalistes ? Toutes les revues !!! Seule son intensité,
sa force et l'horreur, au sens humain du terme, qui découle de
son scénario, ont quelque part forcé nombre de journalistes
à faire basculer ce chef-d'oeuvre dans leur genre favori !
Les récemment remakés Hitcher, Prom
night, My bloody Valentine
et Cie se permettent même d'être qualifiés de "slasher",
genre sans doute hybride entre le thriller -concernant le suspens et
le point de vue de la victime- et le cinéma horrifique -concernant
l'acharnement "fantastique" du tueur et son tableau de chasse
éloquent-. Le slasher : un genre fourre-tout et hybride ? Un
sous-genre du cinéma horrifique, comme le veut la coutume ? Un
compromis parfait qui obscurcirait notre interrogation en en faisant
un thriller horrifique ? Aïe... Et que dirent de chef-d'oeuvres
comme La dernière
maison sur la gauche (où les effluves d'hémoglobine
ne sont pas le fait des tueurs) ou Massacre
à la tronçonneuse, refusant dans son premier tome
tout penchant sanguignolant ? Thrillers ? Films d'épouvante ?
Pour un peu que l'on vienne impliquer dans la discussion le fameux giallo
italien, ancêtre du slasher américain dont l'aspect policier
brouille encore plus les pistes quant à lui attribuer une connotation
horrifique, et nous voilà revenu au point de départ :
pourquoi le thriller n'est pas un film dit "fantastique" alors
que le film d'épouvante en est clairement un ?????
Ne serait-ce tout simplement pas une façon d'appréhender
le film, de la part du spectateur ou du critique, qui le verrait alors
de manière plus ou moins intense ? Ne serait-ce pas la qualité
et la puissance de la réalisation ou un simple point de vue scénaristique,
une subtilité, un détail à chercher entre les lignes,
caché derrière les images, au détour d'un décor
et qui ferait habilement plonger le spectateur de l'autre côté
du miroir ???
D'aucun ne s'embêteront pas avec ses considérations philosophico-cinématographiques
: le thriller est soutenu par son aspect ultra réaliste (Cf.
"Les nuits avec mon ennemi" où un adorable mari s'avère
être un psychopate ; pourtant sur un même thème franchement
similaire, "Le beau-père" a fait les beaux jours des
chroniqueurs de fanzines fantastiques) alors que le film d'épouvante
possède, soit un argument purement imaginaire (un monstre ou
quoique ce soit d'autre), soit un tueur implacable hautement improbable
sur notre belle planète, soit n'est qu'une oeuvre méga-sanguignolante
(Maniac cop ou les séquelles
de Saw), soit un film qui verse
dans la folie humaine la plus poussive (celle que l'on n'imagine ne
jamais voir au 20 H... jusqu'au jour où...).
En conclusion je dirais ceci : arrêtons de nous
prendre la tronche (enfin : arrête de TE prendre la tête
Mr Cine-directors !) et cessons de classifier, étiquetter, ranger
les films selon un genre et ses sous-genres (sous-sous-genres ?) et
n'en apprécions plus que le contenu et la seule qualité.
Tout ceux qui, après avoir lu cet article, auraient
passé une très mauvaise nuit de réflexion intensive,
gagnent le droit de m'envoyer un mail de mécontentement (à
"webmaster@cine-directors.net")...