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EDITORIAL d'AVRIL 2007

Le film de requins.... un sous-genre qui compte une grosse quarantaine de représentants toutes dents et dorsales dehors ! Mais qui est-il donc, ce sous-genre ? Un film d'horreur souvent sanguignolant ou un film d'épouvante à part entière où le requin en question est au centre des débats ; c'est clairement un film de monstre mais où le monstre aquatique sus-cité est quasiment intelligent et majoritairement, directement ou indirectement, vengeur. Voilà pour la définition.
La date phare du genre est bien évidemment 1975, même s'il l'on repère quelques requins dans de nombreux films, mais de simples guests stars sans cachet, de vulgaires animaux au ventre vide ou, au mieux, de gentils faire-valoir à la Flipper (Tiko and the shark, 1964) ; citons tout de même une oeuvre où ces animaux sont très amplement mis en avant : il s'agit de Shark ! de Samuel Fuller (1970), film d'aventure avec aventuriers et bouffeurs de gigots humains à la clé. Revenons donc à 1975 : un très jeune réalisateur vient de se faire connaitre avec un film hautement stressant et tout d'abord destiné à la télé américaine (Duel) puis de se prendre une première claque cinématographique avec un film beaucoup plus léger et drôle (Sugarland express). Sans doute est-ce celà qui le poussa à revenir au thriller et à se lancer dans l'aventure "Jaws". C'est donc en l'an de grâce 75 que sort Les dents de la mer, de S. Spielberg, et le film va réaliser un exploit : devenir le plus grand succès de tous les temps pour un film d'horreur (débouté de son trône assez récemment par 6ème sens, que ce soit en France où aux USA) ! Succès tellement homérique que le genre va se transformer en des dizaines de rip off (remakes déguisés) sans aucune originalité (le premier répertorié restant Shark kill, en 1976) et qui auront tout loisir de suivre les jalons d'un genre sclérosé avant l'heure d'avoir déjà connu son chef-d'oeuvre : le requin se venge des hommes en tuant les membres d'une villégiature de bord de mer.
Et le requin vient bien malgré lui de se faire une réputation cinématographique qui va lui coller longtemps à la nageoire ; la preuve : je n'ai répertorié qu'un seul bon bestiaux répertorié, celui de Alerte au requin, en 1981... remake de Tiko and the shark ! Avant que Gang de requins ou Nemo ne les remettent timidement en selle. Car entre les rip off italiens, philippins, américains voir allemands ou Indiens (Aatank !), les 3 suites officielles de Jaws (dont les épisodes 2 et 4 s'en tirent pas trop mal par rapport au genre en question...), les téléfilms de plus en plus nombreux, les directs-to-video à la pelle, les produits dérivés et décalqués mettant en scène avec plus ou moins de succès la même recette que le père Steven mais attelé à diaboliser de tout autres prédateurs (le plus réussi étant Piranha), les mangeurs d'hommes ont la dent dure et ne semble devoir flotter sur nos écrans qu'à la seule fin de dévorer la quasi totalité du casting ! C'est Nicolas Hulot qui doit être vénère !!!
Sorti de là, nos requins ont été scénarisés à toutes les sauces pour un résultat sensiblement identique : que ce soit des requins-tigres engendrés par l'armée qui s'échappent malencontreusement (dans Cruel Jaws, en 1995 ; film parfois sous-titré Jaws 5 !), des requins entrainés à tuer par un maniaque (dans le canadien Jaws of death en 1977 ou l'américain Les mâchoires infernales, un an plus tard), des requins préhistoriques, histoire d'épicée une sauce connue et reconnue (Megalodon, 2004 ou Meg le prochain film de Jan De Bont), des requins rendus dingues et affamés par la chute d'un OVNI (Raging sharks en 2005 !!!), des requins hybrides (mariés à une pieuvre dans Apocalypse dans l'océan rouge), des divinités réincarnés en requins (Sangue negli abissi, 1989), des requins modifiés génétiquement (Blue demon en 2004), des requins d'une espèce inconnue (Up from the deep, 1979) ou des requins libérés par centaines par un fou (Shark's paradise, 1986), on nous refait toujours plus ou moins le coup des Dents de la mer, où un plus ou moins important groupe de personne est pris en grippe par un bon gros bestiaux ; ainsi vont les 3 Shark attack, Shark zone, Peur bleue, Tintorera, Red water, Dark waters, 12 jours de terreur, Spring break shark attack, La mort au large, Shark -1998... etc).
Et on ne dénombrera pas les films, par centaines, où l'on peut assister à une scène d'attaque de requins ni ceux dont les requins ont un plus grand rôle mais où l'aventure prime peut-être un peu plus sur l'horreur -sujet qui nous intéresse ici- et les animaux en question sont multiples, restent plus ou moins égaux à eux-mêmes, et où les codes du film originel sont relativement différents (ex. : Le chasseur de requins, Cyclone).
Mais rare sont les Mako : the jaws of death, où un homme qui entre téléphatiquement en contacte avec les monstres... pardon, les requins, leur apprend à tuer ceux qui leur veulent du mal (ne pas confondre avec le docu L'homme qui parle aux requins !). Parfois l'idée de faire un Moby Dick à la sauce "requin" fait son chemin : notamment dans Shark hunter (2001). En effet, au beau milieu de cet imbroglio d'arêtes, nait parfois de magnifiques projets, originaux, purs, effrayant, bien fichus : ce fut le cas de Open water (et sa suite ???) où de simples plongeurs se retrouvaient, seuls, au grand large, entourés de centaines (??? On ne les voit pas !) de requins... Simple mais terrifiant !
Bref : les films de requins (Shark movie) n'ont pas beaucoup de cervelle mais, avouons-le, ils ont la peau dure puisque Hollywood semble vouloir leur donner une seconde vie dès l'an prochain ! Bientôt imité -à n'en point douter- par des dizaines de copies plus ou moins conformes et indigestes... Allez les gars : cet été, partez à la montagne !!!