Un film doublement dual, si je puis dire : entre le fond et la forme, entre la première et la seconde moitié.
On part d'une idée simple : une communauté regroupée sur une île vit en quasi autarcie, ne se rendant sur le continent que pour certains besoins essentiels. Un enfant va être initié à ce dangereux voyage, véritable rite de passage à l'âge "adulte".
Le scénario paraît cependant trop limpide, certainement en manque d'un moteur, d'une intrigue, il demeure bourré de possibilités, plein d'idées, mais dont aucune n'aboutit réellement : depuis la scène introductive dont je vous laisserai seuls juges de l'utilité, jusqu'au rôle du médecin (comme expliqué ci-après), depuis la maladie de la mère -que j'imaginais plus métaphorique-, en passant par son rôle inexpliquée dans l'église (la force cachée d'une mère ?), ou encore ce bébé laissé pour compte par l'histoire, ces nouveaux zombies dont on attendait un développement plus en profondeur ; ou bien ces militaires, faire-valoir musclé et énergisant du film...
Les thématiques tournent autour de la maladie (celle des infectés, de la mère, la folie supposée du docteur) et de ces gens qui ne savent plus faire leur deuil. La seconde partie, centrée sur le médecin, moment censé être plus puissant émotionnellement, méritait un développement à la hauteur : la séquence reste en apesanteur, rapide et sans dégager l'émotion nécessaire à notre adhésion.
28 ans plus tard semble vouloir jouer sur la corde raide du film d"atmosphère -et quelle atmosphère !-, jouant sur ses idées, ses fantasmes, ses rêves, mais il en oublie l'essentiel : les émotions, un fil conducteur plus solide, une force de frappe qui va au-delà des superbes effets. Jusqu'à ce final sabordé et qui n'a pas finit de faire parler de lui (il répond de manière tordue à la scène d'intro ?) : même si on peut essayer d'en comprendre les intentions, à savoir la dichotomie entre les zombies et les Télétubbies (sic !), il demeure un effroyable et pathétique ratage qui ne soutient nulle justification.
Pour autant Boyle nous livre un travail impeccable et de grande envergure : sa réalisation demeure nerveuse, fiévreuse, schizophrènique, et totalement maîtrisée, dans une œuvre à la beauté macabre qui touche parfois au sublime. Mais se perd en route...