EDITORIAL d'OCTOBRE 2011

BD belge et cinéma : la sortie prochaine des aventures de Tintin dans toutes les salles du monde a forcément titillé ma fibre éditorialiste. Car il faut bien dire que le succès bdphile de ce petit pays -la belgique donc- n'a vraiment d'égal que celui des comics made in America et que, forcément, les producteurs de cinéma se sont emparés de nombre de ces icones de papier pour en faire de l'animation sur grand écran ou des films live... ou un mélange des deux ; avec bien souvent le succès que l'on imagine. Sauf que ce dit succès n'avait pour ainsi dire qu'un écho francophone, un bel écho, certe, mais restant à distance règlementaire des pays shakespeariens ou marveliens. Voici donc une liste exhaustive, je le crois, de toutes les adaptations de nos personnages favoris à travers les âges et une analyse de leur retentissement public ; j'en profiterai également pour dégager une nouvelle tendance : l'internationalisation.

Tintin, puisque c'est lui qui lance le sujet, a déjà connu quatre adaptations live de la BD entre 1961 et 1972, généralement peu appréciées des puristes qui oublient pourtant le succès considérable de chacun de ces films : entre 1 548 000 pour le dernier en date et 3 641 000 pour le premier tome !!! Spielberg aura donc fort à faire sur le sol gaulois, surtout avec un budget que l'on imagine gargantuesque, et devra tester outre-Atlantique et au cinéma la popularité du détective ; pari osé dans le mesure où les BD ne sont pas très célèbres et que les films en motion capture ont encore du mal à trouver leur public (combien de Milo sur Mars et de La légende de Beowulf pour un Avatar ?).

Les Schtroumpfs ont déjà eu pour leur part droit à pas moins de cinq adaptations au ciné, la plus récente étant en "live" et 100 % US ; en France les films ont tous dépassé les 700 000 entrées, atteignant même le million pour V'là les Schtroumpfs ; un seul tome fut un bide : Les p'tits Schtroumpfs. Ce que peu de gens savent c'est qu'un épisode est sorti aux USA : La flûte magique, qui rapporta plus de 11 M$ en 1983, soit le 2ème plus gros succès belge de l'histoire derrière la co-production Fly me to the Moon ! L'adaptation live ne démord pas de ce succès : 2,6 millions d'entrées en France, près de 140 M$ aux USA et déjà plus de 500 M$ de recette dans le monde après 8 semaines passés en tête du box office !!! Un tel succès ne pouvait qu'engendrer une suite qui pourrait très bien faire de nombreux autres petits !

Lucky Luke (celui-là est franco-belge mais on lui pardonne !) a une longue histoire au cinéma : tout d'abord une série de 5 cartoons sortis à partir de 1971 ; soit 2,7 millions de spectateurs pour le 1er tome et 457 000 pour le plus récent, Tous à l'ouest, qui démontre, avec Les p'tits Schtroumpfs du dessus, que ce type de cartoon traditionnel n'est plus assez à la mode pour les gamins d'aujourd'hui. Puis il y a eu un film éponyme avec T. Hill (1 104 000 entrées en 1991) et enfin un autre avec J. Dujardin (1 866 000 entrées en 2009) ainsi qu'un dérivé étrangement plus successful que les originaux vu sa piètre qualité : Les Daltons est 2004 et a été vu par 1 956 000 spectateurs. Une belle pelletée de millionnaires, non ?

Largo Winch, dans un genre différent, est lui aussi belge : si les deux films de la saga ne sont pas des cartons historiques en France, même comparés à ses compatriotes du dessus, pas plus qu'il le furent ailleurs (une trentaine de millions de dollars de budget pour le premier et 17 M$ de recette de par le monde). Les deux opus ont tout de même réunis 1,7 et 1,3 millions d'amateurs (connaisseurs de BD ?) et le dernier tome innove en devant sortir sur les écrans américains le 7 octobre ; quel sort lui sera réservé ?

Si L'élève Ducobu ne fut pas le succès escompté par la production (moins d'1,5 million d'entrées pour un investissement de plus de 10 M€) celle-ci n'en a pas moins annoncé la mise en chantier d'une suite ; pourquoi pas, mais on demande quand même à voir.

Autre franco-belge du lot, la BD Tanguy et Laverdure nous a donné un Les chevaliers du ciel qui, sans passer le mur du son, s'envolait tout de même largement au-dessus du million de spectateurs (1,3). Avec près de 20 M€ de budget, cela a tout de même refroidit les envies de ses producteurs quant à lui donner une suite...

XIII est également une BD belge dont l'adaptation fut laissée à la télévision pour des raisons officielles de durée (pour les raisons officieuses, la concurrence d'un Jason Bourne l'aurait plombé...) mais qui participe également à cette internationalisation de la BD belge sur les écrans : cette production franco-canadienne a quand même invité Stephen Dorff, Val Kilmer et toute une distribution très américaine sur les plateaux !

Nous avons évoqué les hits mais n'oublions pas pour autant les ratés, entre les films qui ne parviennent pas à voir le jour et dont on nous parle depuis des années : l'adaptation de Blake & Mortimer est annoncé depuis 2000, on a appris récemment que A. De La Iglesia cherche encore les fonds nécessaires pour réaliser "La marque jaune" ; Boule et Bill serait rentré en production il y a plus de 2 ans et depuis... stand by ; Bob Morane devait voir le jour sous les caméras de C. Gans avant d'être purement et simplement annulé. Mais il y a aussi ceux qui firent un bide (Gaston Lagaffe ou Blueberry -franco-belge lui aussi-, ce dernier ayant amassé 766 000 spectateurs, dont 414 000 en 1ère semaine, pour un budget qui aurait nécessité 4 millions d'entrées !) et les grands absents (Les tuniques bleues, Ric Hochet, Thorgal -dont l'annonce d'une adaptation avait été crié un peu trop vite- ou Spirou par exemple).

N.B : Astérix (8 cartoons et 4 adaptations live !!!) et Iznogoud sont des BD françaises, Titeuf est un petit suisse et Corto Maltese est italien !

Ils suffit de savoir lire les chiffres : beaucoup d'oeuvres millionnaires en nos contrées, des films dont la dernière tendance est de vouloir s'exporter aux USA pour devenir des succès mondiaux à l'image des Schtroumpfs et du futur Tintin. Oui : l'avenir parait radieux puisque Tintin se déclinera en une trilogie dont on a encore peine à imaginer l'insuccès et, pour ce qui est de la France, Chabat nous prépare un Marsupilami 3D qui ne devrait pas être boudé non plus. Un programme qui vous met la frite ! (Je sais : elle est un peu trop facile celle-là... mais tant pis je la laisse !)