Brésil, 1970 : Durant la dictature militaire une famille aisée vit sa vie.
Et on s'attache vite à cette famille, cette chronique d'époque, insouciante et musicale, faite de moments qui nous touchent, avec ses beaux projets (la maison, l'aînée qui part à London) comme étant presque les nôtres. Mais un jour le ciel s'assombrit subitement et viollement...
Je suis toujours là est le récit puissant d'une partie sombre de l'histoire du Brésil, celle d'une famille prise dans les griffes d'un enlèvement d'état, mortifiée par l'attente, celle d'une mère qui fait face à la disparition de son mari, aux incertitudes qui laissent place au doute, puis à la violente réalité. Notamment celle de devoir continuer à assumer sa famille et faire perdurer la mémoire de l'être aimé. S'il rappelle des films ayant traité le sujet, en Argentine, au Chili ou en Espagne (Les disparus, Disparition, Colonia, Le labyrinthe de Pan, L'échine du diable, le documentaire Le silence des autres), le scénario de Salles trouve sa justification dans son angle d'approche de la question.
L'actrice est effectivement prodigieuse, transmettant sans mal sa peur, son angoisse, avec une formidable sobriété.
Un film pour se rappeler, même s'il se déroule loin de nous, il y a longtemps, de quoi est capable l'extrême droite -peu importe comment elle se nomme- avec ses opposants politiques, la façon dont elle étouffe les médias et corrompt la justice afin de couvrir, justifier toutes impunités.
Pour ne jamais oublier.