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L'échine du Diable
Budget = 4,5 M$
BOX OFFICE France = ? / 8 318 - 42 000 - 96 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,035 / 0,755 M$
BOX OFFICE Monde = 6,6 M$
 

Un film de fantôme politique.
"Fantôme = évènement condamné à se répéter indéfiniment, un instant de douleur (la guerre), quelque chose de mort qui semble encore être en vie (liberté), un sentiment suspendu dans le temps comme une photographie, floue, un insecte pris dans l'ambre (le passé)."
Guillermo Del Toro évoque tout d'abord les peurs enfantines avec une force rare : c'est la solitude de ces orphelins, loin de tout, dans un immense bâtiment dont les décors sont absolument extraordinaires, coincés au beau milieu du désert. Mais c'est aussi la peur de l'inconnu (l'enfant qui découvre les lieux, le noir, les fantômes). Qui dit sériosité dit effets simples... et qui dit effets simples -un simple maquillage, une caméra qui va là où l'on n'aimerait pas aller, un bon montage, pas trop frénétique- dit grande frousse. On a l'impression d'être dans une version terrifiante des "Disparus de St Agil" mâtiné de film historique (très puissantes, certaines scènes évoquent directement des tableaux de Goya) et surtout de drame puisque L'échine du Diable est également une oeuvre sur la mort et son acceptation infantile ; d'ailleurs la mort des enfants est montrée crûment.
Car L'échine du Diable va terriblement plus loin que son statut de "film de fantôme", ici intensément atypique, fin et bénéficiant d'une mise en images prodigieuse, traversé par cette créature fantomatique moins effrayante qu'impressionnante, vengeresse mais s'appuyant sur l'aide essentielle de ceux qui vivent encore.
C'est un film puissant sur la guerre (la guerre civile espagnole) où le symbolisme de la bombe qui n'a pas explosé / tué nous rappelle l'espoir d'un pays qui n'est pas encore mort, n'a pas entièrement sombré dans le fascisme. L'orphelinat correspond à la métaphore de ce même espoir laissé aux mains des enfants de cette nation ; et le fantôme reste le symbole de tant de choses -comme je l'ai déjà spécifié en introduction.
L'échine du diable représente, en tant que titre, ce que l'on perçoit comme une horreur, ces apparences par trop évidentes qui nous évitent de chercher les causes et dont on méconnaît l'origine, nous incitant à user des a prioris, des superstitions ; ici c'est la misère et non la guerre qui détruira cette petite communauté vivant en paix ; pas la politique. C'est de la pauvreté que naît l'instabilité, la haine et le fascisme. L'échine du diable c'est la métaphore de la guerre : où comment verser le sang d'innocents pour de l'or.
Del Toro a réussi un film complet, d'une rare violence, un film juste, sur l'enfance, loin des clichés, une oeuvre profonde à décortiquer à loisir et à s'approprier.

NOTE : 17-18 / 20

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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