Un ingénieur vient construire un barrage en Amazonie : son fils est alors kidnappé par une tribu indienne que les travaux déracinent peu à peu. Et puis 10 ans passent...
Explorant le même domaine que Little big man, qui lui-même trouvant sans doute une lointaine inspiration dans le récit de "Tarzan", La forêt d'émeraude évoque cette civilisation blanche, américano-européenne, et ses attitudes post-colonialistes. Une société arrogante, riche et moderne qui possède une forte propension à envahir le reste du monde : on peut très bien supposer que les "féroces" chassent les "invisibles" parce que ceux-ci sont eux-mêmes chassés de leur territoire. Autant que cette société invasive se plait à détruire l'environnement, la forêt tout autant que ses habitants (le barrage, l'apport des armes à feu, le trafic d'êtres humains...etc) ou à s'approprier les biens qui ne lui appartiennent nullement ; le kidnapping pouvant alors être quasiment perçu comme un acte compensatoire. Le comble de la folie étant que cette tribu, dont les constructeurs se contrefichent éperdument, possèderait une véritable richesse : les "émeraudes" du titre, dont la couleur évoque autant les pierres de la rivière que l'éclat de la végétation. La forêt d'émeraude narre la confrontation idéaliste de l'homme à la nature sauvage (celle des natifs, défensive) et à la sauvagerie naturelle (celle de l'homme blanc, agressive), thème déjà brillamment exploré dans Délivrance.
Archétype du film écologiste plaçant la nature au centre de tout, film d'aventure réaliste et en immersion totale, La forêt d'émeraude est une œuvre naturaliste qui tend à prouver que, en 1985, la nature a toujours le dernier mot face aux hommes qui ne la respectent pas. Pas si naïf que cela...
