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Tron l'héritage

Joseph KOSINSKI
(10-11)

On comprend bien évidemment l'excitation lors de la mise en chantier d'une telle suite : dans notre monde gouverné par la haute technologie et plus précisément l'informatique, replonger dans l'univers de Tron pourrait s'avérer être un grand moment ; sur le papier tout du moins. Car si la musique numérique et froide à souhait nous prend facilement par la main et nous plonge dans cette ambiance faite de 0 et de 1, si l'univers a au moins le mérite d'être original, les décors assez beaux (mélange de matériaux hyper moderne et de mobilier ancien), la réalisation est un peu plus libérée, mais sans génie, il y a un sacré problème (s) de scénario dans ce film. Comme à l'accoutumée les prémisses sont bien trop rapides, on esquisse les personnages, la découverte de l'entreprise et on tue le suspens afin de plonger directement le spectateur dans l'action ; car tout ici est recentré sur l'action. Les espèces de jeux du cirque propre à l'univers "Tron" ne sont pas sans rappeller ces vieilles séries B (La course à la mort...), la trame est limpide comme de l'eau de roche et les envolées intellectuelles ne durent que très peu (le thème des programmes qui essaient de se libérer de leur maitre-créateur, la naissance de la vie numérique... les simples ébauches de ce qu'un Kubrick aurait mis au centre de son film). Non : le seul but ici est de zigouiller le méchant et de retourner à la vie réelle, qu'importe les très nombreuses possibilités de développement (la place de la technologie dans notre monde, le pouvoir économique des grands groupes, un brin de philosophie new age très orientée sur la création...etc), le scénario ne fait aucun effort de ce côté, fuit à tout pris "l'intelligence" de son propos en n'oubliant pas que la simplicité, voir la bétise, rapporte beaucoup plus... mais c'est un cercle vicieux. Encore un chef-d'oeuvre qui s'ignore et ignore que le public ne demande qu'à être enseigné puisqu'il est intelligent.