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Sucker punch
Budget = 82 M$
BOX OFFICE France = 1 172 / 52 913 - 300 000 - 550 000 entrées
BOX OFFICE USA = 19,1 / 36,4 M$
BOX OFFICE Monde = 89,8 M$
 

La grande évasion onirique. Sucker punch est-il un navet, une oeuvre partiellement réussie ou bien un concept-art avant-gardiste ??? Pour certains se sera bel et bien un film réussi, bien qu'épuré de tout ce qui peut en faire sereinement une oeuvre du 7ème art, de sa moelle épinière (trame et personnages complexes, dialogues travaillés, profondeur d'un thème, clareté du propos...) ; pour d'autres ce ne sera qu'un vidéoclip MTV d'une heure et quarante minutes, pour les mêmes raisons sus-citées, voir une comédie musicale new age. Et pour moi ? Sorti d'un scénario clairement prétexte puisqu'on plonge brutalement dans le domaine du rêve après quelques minutes pas très convaincantes au niveau émotionnel, trop speeds, sans que la réalité soit assez présente pour qu'on se fonde au rêve, la trame restera minimaliste au possible (une évasion par le rêve, un concept qui est au coeur de l'oeuvre mais ne sera pas développé thématiquement, scénaristiquement), les personnages complètement filliformes (on ne saura d'eux que le strict minimum, et encore... plutôt "clipesques" nos fillettes sorties tout droit d'un manga), on n'y trouvera ni second degré, ni réflexion approfondie, ni véritable émotion ou suspens ou twist final (voir le Nota Bene ci-dessous) ; et tout cela pour arrivé à quoi ? A un concept : une oeuvre minimaliste, un pur fantasme visuel, non-sensique (les rêves sont effectivement le domaine de l'anachronie chronique et jouissive), parfois presque surréaliste, du délire formel où les décorateurs numériques s'en sont donnés à coeur joie, une oeuvre pour garçons à tendance geeks ou les scènes de bastons sont de petits bijoux de folie. Et il en ressort quoi de ce film ? Derrière ce visuel tapageur et complètement assumé, cette b-o juke-box qui en agacera pas mal (mais chaque chanson est très justement choisie) ? Un Snyder en petit génie de l'art visuel, qui s'éclate comme jamais avec sa (ses) caméras, invente, se réinvente aux fil du métrage mais n'oublie jamais qu'il sert un propos : ses plans ne sont pas forcément gratuit, il suffit de suivre l'arrivée de Baby Doll dans l'hôpital et l'entrée progressive de la caméra derrière les barreaux, de regarder attentivement la dernière scène de baston avec les robots, filmée de façon très saccadée, presque mécanique... robotique, donc ; où encore le plan fabuleux où le beau-père monnaie le passage de main avec Blue, avec le fameux visage scindé en deux qui ne fait qu'écouter. De cette mixture visuelle ressort une tonne de sensations, d'excitations qui sont celles d'un cinéma différent, sensations apportées par l'adjonction de la musique, du thème du rêve, de la danse de Morphée, de ses pensées qui sont les piliers de notre être réel et de la réalisation de Snyder qui nous emporte irrémédiablement avec lui, dans ce souci du moindre détail qui est un peu sa marque de fabrique. Sans doute les scénaristes auraient pu développer un peu plus ces personnages pour qu'ils nous touchent, ne sentent pas l'émotion artificielle, chiquée ; que ce soit eux qui viennent à nous et non pas le contraire, qu'ils nous émeuvent lorsqu'ils meurent plus qu'ils nous surprennent. Peut-être que le concept du rêve, ses pouvoirs, ses implications dans le réel aurait nécessité un vrai retour et un approfondissement lors des scènes "hors du rêve". Peut-être qu'il aurait fallu s'appuyer un peu plus sur cette fin non conventionnelle, épaissir les imbrications du rêve à la manière d'un Inception, expliciter cet univers qui sort dont ne sait où et ne s'appuie sur rien de concret : pourquoi la seconde guerre mondiale ? Pourquoi ces orques alors que l'on peut aisément comprendre d'où vient le dragon, que la mort des zombies fait aisément référence au tuyau percé ? Doit-on se foutre complètement de telles questionnements ? Alors : est-ce un navet aux mains d'un génie ? Ou tout simplement le nouveau Sam Raimi (rappellez-vous d'Evil dead et de son scénario anémique et dont toutes les horreurs, les sensations passaient par le biais de la caméra) ? Je reste partagé : le film aurait dû être assumé pleinement comme une oeuvre conceptuelle, sans autre chichi, larmes, complexité résonnant de façon factice ; du pur rêve cinématographique qui ne fait pas semblant d'avouer d'autres motivations émotives presque équivoques, d'autres ambitions profondes. Un film qui s'agrippe à son message : évadez-vous (par le biais de l'art ?) ! Pas fade, un peu faux... sur le fil du rasoir.

NOTE : 13-14 / 20

N.B. (spoilers) : Une théorie sur internet veut qu'il existe des liens très étroits entre Baby Doll et Sweet Pea voir que ces deux personnages ne fassent qu'un (plans ambigus, perruque équivoque, visage final caché volontairement...etc). Je voulais tout simplement donner mon point de vue sur la question. Car après une seconde vision plus étudié je pense que cette interprétation du film est éronée, qu'elle n'est qu'une façon, louable, de s'approprier le film. En effet ils existent de sacrées différences entre Baby et Sweet : l'une a des parents décédés, l'autre non. Leur soeur respective n'ont strictement rien en commun, et certainement pas physiquement (simple lien psychologique... c'est un léger, non ?). On ne connaitra jamais l'âge de Sweet alors qu'il devrait être clairement de 20 ans, comme Baby. La perruque blonde qu'arbore Sweet Pea est sensiblement la même que celle que porte sa soeur (il n'y a donc pas de transmission de personnalité entre S.P. et Baby Doll) et ne reflète réellement qu'un vieux fantasme de mâle pour le spectacle qu'elles vont jouer. Si ces deux personnages sont les mêmes, où en tout les cas que Baby n'est qu'une projection mentale de S.P., pourquoi cette dernière la rejette farouchement, la jalouse et refuse même par deux fois l'échapatoire proposé alors qu'au fond d'elle elle est sensé le vouloir ? D'ailleurs c'est clairement Rocket qui prend en charge Baby, cette dernière deviendra d'ailleurs également son ange. D'autre part les deux filles co-existent et inter-agissent parfaitement, l'ange du film est effectivement double (le vieux du rêve qui guide Baby Doll et Baby Doll elle-même qui aide les filles et en particulier Sweet Pea ; d'où la pluralité de cet ange), la fin peut être lue comme une rédemption plus qu'une libération de l'âme puisque Baby n'a plus personne, n'étant pas parvenu à sauver sa soeur, elle doit sauver quelqu'un pour gagner son paradis, sa tranquilité d'âme avant de partir ; ce que conforte Snyder dans toutes ses interviews d'ailleurs. Comment, sinon, expliquer qu'une fille s'est échappé réellement ? Sweet Pea ne survit que pour porter le message de sa soeur à sa mère, un message d'espoir et surtout de pardon ; Rocket est par ailleurs un personnage très central dans le film. Mais ce n'est que mon point de vue...

La critique des internautes
 




NOTE : - / 20

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