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The strangers

Hong-Jin NA
(15-16)

Il est des films où l'on se sent bien dès les toutes premières minutes, jusqu'au toutes dernières : Si L'exorciste avait été sud-coréen il ressemblerait à The strangers... Pourtant tout commence autrement : par un meurtre atroce, sous une pluie diluvienne, dans une réalisation hautement précise, minutée, maîtrisée et exquise. On se croirait en présence du penchant campagnard et "à ciel ouvert" de Seven. Erreur. On est tout de suite embarqué par un rythme incroyable, trépidant, une tension palpable dans chaque image, et le film va aller crescendo, à la fois dans l'étrange, l'incongru, et dans l'horreur, jusqu'au gore le plus douloureux, la folie la plus perceptible. L'apparition du Stranger est un immense moment de cinéma référentiel : un sauvage au corps tuméfié, aux yeux injectés de sang, mi-démon, mi-zombie. Inoubliable. Et le film, malgré sa durée de 2h30, va continuer d'aller à 100 à l'heure et se métamorphoser, comme ses personnages, en un objet cinématographique unique, incroyable, inoubliable, aux personnages qui explosent à l'écran, à l'atmosphère à la fois pesante et emprunt de démence, où chaque plan parait suspect et cache son lot de surprises. Complètement fou. Une oeuvre intriguante qui tient en haleine de bout en bout, entre rêve, réalité et légende, toujours hallucinée, aux FX savamment dosés et dont les thèmes sont nombreux (la maladie est l'un d'entre eux mais la fin en révèlera de tout autres). Film de serial killer ? De secte syncrétiste ? De fantômes ? De zombies modernes ? Ue oeuvre qui n'est pas qu'un simple et trop facile mélange d'influences, plutôt un tourbillon ancré dans la culture religieuse, les cultures religieuses de la Corée du Sud ; un tourbillon de violence qui ménage des scènes étonnantes : celle de cet exorcisme hystérique et sans retenue aucune donne des leçons à tous les scénaristes américains. Le tourbillon est par ailleurs magnifiée par une intrugue épaisse où le spectateur ne sait jamais qui est quoi, ni à quoi s'attendre. Pas une seconde pour souffler jusqu'à ce dernier acte exceptionnel où trois scènes se jouent dans un montage parallèle saisissant. Pétri de religiosité le film se révèle enfin et demande moult réflexions (visions) : une histoire de morale, de culpabilité, de tentation ; chcun y verra, y ressentira ce qu'il veut. Un film mystique, enragé et littéralement apocalyptique qui méritait une plus ample sortie française (50 M$ de recette en Corée).

 

La critique des internautes