Etrangement, en cette année 2012, le grand T. Burton 
                  nous a offert deux films : le médiocre et pesant Dark 
                  shadows -qui a dépassé le million de spectateurs 
                  adultes en France- et ce génial Frankenweenie, n'ayant 
                  même pas atteint les 600 000 enfants ; pourtant ce film 
                  est amplement familial (au minimum de 8 à 39 ans !) et 
                  aurait mérité un peu moins d'a priori de la part 
                  des parents... C'est tout d'abord une parfaite extension du 
                  généralissime court-métrage d'origine (voir 
                  Frankenweenie), une façon 
                  tout à fait cohérente d'en prolonger l'univers. 
                  Et Tim Burton de se replonger dans son enfance -et nous avec 
                  !- dès la première scène : un gosse un 
                  peu rêveur qui montre à ses parents le film qu'il 
                  a fait avec des bouts de ficelles, un hommage aux kaijû 
                  nippons façon Godzilla, dans un monde qui a l'allure 
                  des Golden years américaines (Tim est né en 1958 
                  et il ne faudra pas s'offusquer du rôle de la maitresse 
                  de maison...). Et puis ensuite c'est "Bienvenue à 
                  Macabre City" : tout l'univers sombre de Burton, magnifié 
                  par un somptueux noir et blanc "hammerien" se déroule 
                  devant nos yeux épatés malgré l'habitude 
                  ; des enfants qui pourraient effrayer toute la populace des 
                  Monster High (mention spéciale au bossu et à la 
                  fille étrange), une réalisation inspirée 
                  et gothique (les plongées / contre plongées, les 
                  plans de biais, le travail sur les ombres...) et des hommages 
                  quasi obsessionnels tout au long du film, avec un fil d'Arianne 
                  très précis, celui de l'hommage à Frankenstein. 
                  Mais pas n'importe quel monstre de Frankenstein : Burton vise 
                  très clairement et très visuellement celui de 
                  J. Whale, avec ce somptueux 
                  clin d'oeil à son chef-d'oeuvre (le caniche ayant la 
                  coiffe de La fiancée 
                  de Frankenstein). D'ailleurs ne cherchez pas plus longtemps 
                  pourquoi l'action se déroule en Nouvelle Hollande : c'était 
                  la seule façon crédible de faire apparaitre un 
                  moulin aux USA afin de créer ce final absolument incontournable. 
                  Parmi les autres clins d'oeil nous aurons reconnu Dracula avec 
                  C. Lee (celui de 1958... tient donc !), Gamera, Mary "Shelley", 
                  Van Helsing, L'étrange créature du lac Noir / 
                  les Gremlins, un loup-garou (un chat-souris plutôt) et 
                  Vincent Price (Mr Rzykruski, doublé en V.O. par M. Landau 
                  !). Cette oeuvre est également un pur fantasme de fan, 
                  un vibrant hommage thématique à tous les savants 
                  fous du 7ème art, ceux qui croient -pauvres fous !- qu'ils 
                  sont supérieurs à Dieu et en font les frais ; 
                  en ce sens le final est somme toute logique (je le qualifiais 
                  de "disneyienne" pour le court métrage...) 
                  : la science prend le pas sur la nature et pour une fois, cinématographiquement, 
                  les savants sortent vainqueurs du métrage... Et puis 
                  c'est l'occasion pour nos chérubins de parler de la mort, 
                  l'appréhender, notamment celle de leurs animaux familiers. 
                  Voici donc un petit délire des plus abouti, intelligent, 
                  cinéphilique, magnifié par la musique d'un D. 
                  Elfman complètement inspiré.
                NOTE : 15-16 / 20