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Fight club
Budget = 63 M$
BOX OFFICE France = 1 359 / 59 808 - 382 000 - 1 093 000 entrées
BOX OFFICE USA = 11,0 / 37,0 M$
BOX OFFICE Monde = 100,9 M$
 

Where is my mind : mais où sont donc nos pauvres références ?
En effleurant le film on trouvera un peu de "Docteur Jekill et Mr Hyde" pour la schyzophrénie aiguë, un peu de Crash pour le développement d'un sado-masochisme libératoire (mais, ici, à but sociologique et non pas sexuel) et de Matrix, pour le souffle intense de révolution qui souffle sur le scénario par le biais d'une ouverture de notre esprit à la réalité ; plus ancré dans le réel et plus trash. David Fincher se révèle pleinement en maître d'orchestre de grand génie : ses plans renversants et signifiants, son découpage à l'intelligence foudroyante, l'utilisation de couleurs chair et "pourriture" qui démontrent, comme pour mieux signifier ce que nous sommes : de simple corps, des tas de viande, de graisse et de sang (que l'on voit enfin à nouveau couler) qui ont oublié à quel point ils possédaient également une âme, une personnalité. Une liberté intrinsèque.
Voici un choc d’images qui soutient un propos des plus ambitieux, aussi excitant que délicieusement ambigu (chose devenue tellement rare dans le cinéma…), en tous les cas suffisamment pour nous interroger à chaque séquence : car il y a une idée à creuser dans chaque plan, chaque dialogues, chaque énoncés de Fight club. Il puise dans le matériau d'origine créé par Chuck Palaniuk, auteur qui a osé gueuler tout haut ce que tous les vrais libertaires du monde chuchotent entre eux. Et avec un humour des plus décapants s’il-vous-plait. Fight club est en réalité un immense défouloir aux idées abondantes (cf. le listing détaillé ci-dessous) qui vont toutes se résumer dans ce véritable happy end (après 100 ans de cinoche ça fait quand même du bien !) dont la révélation en laissera plus d’un sur le cul ! Une œuvre qui va vous hanter des mois, des années après sa vision, et qui ne vous lâchera plus grâce à la finesse de son questionnement, ses réflexions pertinentes et les discussions qu'elle pourra générer à loisir. Une œuvre à part et un chef-d’œuvre incontestable, impérissable, indémodable. Grandiose. Unique.
Fight club se veut être une analyse abondante de notre bonheur indécent, bourgeois, ultra confortable, sûre et sans danger véritable, matériel, paraissant plus important que tout. La plus juste, puissante des critiques d'une société de consommation déjà en pleine agonie : "Les choses que l'on possède finissent par nous posséder". Et je pleure encore de joie à chaque fois que retenti "Where is my mind" et que...

Six thèmes d’exploitation qui pourraient, chacun, donner matière à six films :
- Le Fight Club : des hommes qui se battent sans raison (ni haine, ni gloire; ni argent) si ce n’est pour se prouver par la douleur qu’ils existent, que ce sont des hommes, des êtres humains. C’est une thérapie physique et morale contre l’ennui d’une société normalisée, asceptisée, technocratisée, médiatisée et fausse : où l’homme n’est qu’une image, la violence qu’un miroir télévisuel, où seul compte le pognon, où il n’y a plus des individus mais une masse homogène avec une pensée unique et globalisée…. Le fight club est l'ultime expression du désir d'auto-destruction de l'homme et tout à la fois une étude pointilleuse de cette masculinité perdue, à travers un véritable exutoire à notre consumérisme mou. Une violence juste, rendue avec force et brio.
- La fabrique de savonnettes : la graisse qui est évacuée des corps bourgeois bien trop et inutilement gras est recyclée en savon, afin que ces mêmes personnes se nettoient avec leur propre merde, leur propre surplus corporel. Comme ils ne suent plus, ne se tuent plus au travail, il faut bien suer sur la table d’opération et le fruit de leur effort ne sert plus à se nourrir mais à se rendre encore plus propre physiquement ; et ils sont prêt à payer pour cela. Les riches ne sont regardant ni moralement, ni physiquement, leur apparence est plus importante que tout le reste ; ils sont la quintessence du consumérisme aveugle.
- L’idéologie : à tendance fortement gauchiste. Un cri du cœur qui sort de chacune des phrases lancées par Tyler sur la nouvelle condition de l’homme (les divorses, la pub, l’identitée informatique, la révolution…) et la façon de s’en sortir en abandonnant notre mode de vie bourgeois, lisse, et en redevenant enfin nous-même, oubliant le superflu, l’absurde, le faux, oubliant de copier les images toutes faites que nous renvoient de nous les médias.
- Les milices : une authentique armée anarchiste, presque sans chef, ni loi, ni ordre. Elle grandira comme une toile d’araignée, tentaculaire, et réduira nos efforts de pseudo-civilisation à néant. Chaque corps fonctionnant en totale autonomie ; Tyler crée l’armée et ses concepts, et l’armée agit en son nom, il en est le gourou spirituel, le messie qui a simplement ouvert les yeux de ses disciples. Ils obéissent à l’idéologie et non plus à l’homme.
- La double personnalité : inconsciente d’abord puisqu'imaginée suite à un manque grave de sommeil ("Avec l'insomnie, plus rien n'est réel"), peut-être à partir d’un personnage réel croisé dans un avion, puis développée, étoffée au fur et à mesure que le personnage lâche prise... Elle représente les pulsions, la face sombre de nos désirs, nos « naturalités », elle est ce que tout un chacun combat pour ne pas sombrer totalement dans la folie, dans la violence, le terrorisme. Elle est également notre Moi profond, freudien, celui que le personnage va combattre tout en sachant qu’il lui correspond en tout point, qu’elle est une pulsion naturelle de défense contre sa socialisation forcénée et inhumaine. L'expression inconsciente d'une... conscience.
- La scène finale : il est redevenu lucide mais a, finalement, tout fait sauter… Il va pouvoir repartir à zéro sur des bases saines, tout comme le monde moderne, avec sa nouvelle Eve. Il a recréé l’Apocalypse biblique en faisant sauter les banques de données des cartes de crédit, détruisant l’homme en tant qu’identitée électronique et numérique, numéro informatique, en lui rendant son humanité. Dans son malheur (sa rencontre avec son côté le plus obscur) il trouve le réconfort d’une idéologie accomplie.
Fight club est devenu pour moi la Bible du 7ème art : car on trouve absolument tout ce dont on a besoin pour avancer dans notre cinéphilie...

NOTE : 19-20 / 20

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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