On va tout de suite en finir avec
ce titrage français : le film se nomme "Film de méchants"
en V.O. (The gangster, the cop, the Devil, en V.A.), mettant un
point d'honneur à retirer la substantifique möelle
de l'oeuvre, à savoir démontrer que dans une histoire
il n'y a pas, d'un côté les "bons" et de
l'autre les "méchants". Et que l'on a que faire
de ce manichéisme primaire puisque nous avons tous notre
part d'ombre. En français le gangster prend le devant (on
verra que le flic est sans doute plus développé)
et l'assassin du titre n'a tout simplement rien d'un assassin
(le "Devil" anglais, par contre, fait mouche). Ceci
dit, parlons du film.
Tout part d'un meurtre de sang froid : un flic charismatique,
un gangsta XXL et un tueur en série -loin de l'assassin
du titre, donc- se croisent ; deux d'entre eux vont devoir s'unir
contre nature pour rechercher le troisième. Trois personnages,
trois psychologies, trois histoires qui se heurtent violemment
sans que le film ne sache toujours les mettre en valeur individuellement
: le flic est plus aisément porté par l'histoire,
le tueur trop peu exposé. J'avoue avoir été
un brin frustré par ce gangster pas loin d'être iconique
: une présence plus évidente, une mise en parallèle
avec son comparse flic plus systématique, des références
à son passé auraient peut-être permis de l'appréhender
bien plus.
Le film est une enquête peu tortueuse, nocturne, une œuvre
nerveuse sans être franchement originale. Ce qui la différencie
-et justifie sa présence à Cannes ?- c'est de toute
évidence son aspect visuel : un réalisateur appliqué
et inspiré et surtout de somptueuses couleurs qui magnifient
chacun des plans de l'oeuvre. Vraiment bien fait mais jamais bouleversant,
un peu à l'image de la poursuite auto ou des combats au
couteau : cependant le film se révèlera dans un
final tout en grandeur.
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