Editorial
Filmographies
Le coin fantastique
Mail
Liens

 

Tueurs nés
Budget = 34 M$
BOX OFFICE France = 1 121 / ? - 158 000 - 511 000 entrées
BOX OFFICE USA = 11,2 / 50,3 M$
BOX OFFICE Monde = - M$
 

Le pouvoir des images : près de 30 ans après, Natural born killers est toujours une œuvre essentielle au 7ème art.
Ce film s'impose en quelques secondes comme une bombe visuelle, un patchwork explosif et aggressif qui défie les codes. Sa réalisation maniérée restitue à la perfection les troubles sensoriels et émotionnels de la psyché, du monde intérieur de Mallory et Mickey : télévisuel, cinématographique, alternant les couleurs tous azimuts, sur fond de musique jukebox en accord avec leurs émotions.
Ces "héros" qui n'ont plus que l'amour de l'autre, ne vivant, n'existant plus que pour ça, enfermés dans une bulle amoureux extrême, sans limites ni morale, sont les nouveaux héros du peuple, d'un monde à leur image. Si le film ose un début d'explication à leur folie, à savoir le fruit de tramatismes infantiles, d'un passé douloureux et déjà grandement violent (et sexué), l'analyse se porte vite sur un raisonnement tout autre quant à la source de leurs maux, de leur violence naturelle.
Sur le terreau d'une enfance malheureuse, d'une éducation défaillante, c'est une toute autre forme de violence qui est pointée de doigt et mise en accusation : celle de ces médias sans déontologie, racoleurs au possible et mis en libre service pour une populace déjà fragile. Amoraux plus qu'immoraux, ces tueurs-nés ne font alors que reproduirent les images qu'ils avalent sans filtres, cette violence inconséquente sur un écran, cette réalité alternative à leur univers traumatique, comme une nouvelle (télé) réalité, une vie plus belle que la leur ; une vie qu'ils maîtrisent à la perfection et dont ils sont, enfin, les héros. On y revient.
Oliver Stone parait très clair à ce sujet : les amants meurtriers sont comme issus d'une sitcom (avec rires enregistrés), les fenêtres des intérieurs ne reflètent que des écrans telévisuels (à l'hôtel ou chez l'indien, par exemple), les images sont absolument partout, se superposent, s'entrechoquent, sont indissociables de la / leur réalité. Mickey & Mallory trouvent dans leurs exactions une vraie liberté (qu'ils transmettent un temps au journaliste), refusant ainsi toutes formes d'autorités (notamment paternelle ; ici représentée par les forces de l'ordre, toutes masculines) et de lois, se métamorphosant en êtres jusqu'au-boutistes, sans plus de notions de mort, de violence, de vie humaine, devenus de simples éléments bi-dimensionnels d'une univers en carton-pâte. Puisque tout n'est qu'images ; ce ne sont que des images qu'ils reproduisent.
Un autre élément crucial d'analyse est à aborder ici : Mickey et Mallory s'avèrent n'être finalement que le produit de notre société (des médias putassiers), produits chassés par cette même société puisque devenus gênants en débordant sur le réel. L'homme est un loup pour l'homme nous dit très justement O. Stone (l'image du loup n'est jamais anodine) : Tueurs nés est en ce sens à l'exacte image de Orange mécanique, à la différence près que nos anti-héros ne peuvent pas être récupérés par un Etat dépassé par les évènements, mais seulement par ces mêmes médias qui les ont créés. La boucle est bouclée. On passe de la violence d'état à la violence des médias.
Souvent incompris à sa sortie, pourtant d'une richesse thématique infinie, Natural born killers philosophe tout à la fois sur la violence aveugle, sur la sexualité sans frein, sur l'emprise de la TV et sur l'animalité / la nature.
Il exerce toujours sur moi la même fascination que lorsque je l'ai découvert, médusé, dans une salle obscure.

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

-