Editorial
Filmographies
Le coin fantastique
Mail
Liens

 

Detachment
Tony KAYE
Budget = - M$
BOX OFFICE France = 840 / 6 778 - 59 000 - 216 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,011 / 0,071 M$
BOX OFFICE Monde = 3,7 M$
 

Un professeur remplaçant débarque dans un lycée poubelle.
Sur un schéma différent de ce dont nous avons coutume, entre confidences face caméra et pure fiction, Detachment est une introspection abyssale. Et T. Kaye jette un regard sur ses contemporains, sur la triste déchéance humaine.
C'est le regard que Tony Kaye porte sur notre monde, celui qui l'entoure, 14 ans après nous avoir offert l'un des 50 plus grands films de l'histoire du 7ème art : American history X ; un film qui parlait déjà d'éducation. C'est par le prisme du monde de l'éducation, de la jeunesse, que le réalisateur va réfléchir, de façon certe désabusée, d'une noirceur sans concession et hautement pessimiste, mais il va nous donner son point de vue sur la santé mentale de notre société : ces filles réduites à l'état de vulgaires putes par l'image qu'on leur renvoie, des êtres humains vidés de leur substance, des écoles dépassées par une société où la jeunesse a été laissée de côté, voir abandonnée par des parents à la dérive ; ces parents qui ont un rôle abominable dans le film, de par leur absence et ses conséquences, de par les secrets qu'ils cachent, de par leur lâchez-prise ou leur manque de "savoir éduquer". Le film est à la fois poétique et sinistre, hautement dramatique -puisque de multiples drames vont s'y jouer, tous plus ou moins reliés par un thème central- et pourtant traversé par quelques lueurs d'espoir. Très engagé, je dirais même intellectuel, dans la bonne appréciation du terme, relevé de dialogues et de monologues qui méritent que l'on s'y arrête dessus, que l'on y réfléchisse intensément. Cette oeuvre est une perle, d'une grande sensibilité sous ses allures de "film écorché vif", grinçant mais bouleversant et déchirant : un film dont on pourra tous tirer des leçons, des pistes de réflexions personnelles. Kaye nous livre à nouveau un film révoltée, critiquant vertement un système capitaliste qui oublie les esprits et destruit les âmes humaines
A. Brody y trouve sans aucun doute l'un de ces meilleurs rôles, il se fond au personnage et on sent que l'acteur a eu un véritable coup de coeur pour le scénario ; il y dégage une puissance, une présence faramineuse. Et puis nous avons la caméra et le regard impliqué de T. Kaye qui nous offre une réalisation en état de grâce, moins emphatique qu'incisive, dosant savamment ces effets à des fins littéraires plus que purement esthétisant (flous, zooms avant abrupts, inserts, animations, noir & blanc, flash-backs, montage parallèle...etc ; on appelle cela de la "grammaire cinématographique"). Un oeuvre faussement réalisé au feeling où chaque scène est marquée d'une empreinte unique. Le montage est d'une éloquence rare, faussement désordonné, pourtant limpide et séduisant.
Detachment est traversé de tant de moments de grâce et de thèmes sublimes et somptueusement traités, de personnages tous aussi puissants les uns que les autres : ce professeur que l'on imagine devenu fou, cet autre adepte d'étranges pillules, ces personnages forts en apparence qui s'avèrent si faibles, ces élèves tous plus perdus les uns que les autres, ce grand-père au seuil de la mort avec son secret ; le thème de l'invisibilité, du "vide", celui de l'amour perverti qui a perdu ses codes essentiels, celui des rapports ado/adultes, celui de la mort associé à la délivrance, celui de l'école (= intéresser les enfants avant de leur inculquer quoique ce soit, c'est les faire grandir avant de les rendre intelligents) ; le discours d'Hitler inséré (???), des scènes chocs mais pudiquement mises en scène, la métaphore sur "La chute de la maison Usher", ces images de couloirs vides, de classes chaotiques...

Un film de fond pour qui saura le comprendre et ouvrir grand son esprit, un film important mais rude. L'idée majeure de cette oeuvre magistrale est induite à la fois par son titre et sa conclusion : c'est la pratique du détachement comme d'un art de vivre... à vous de voir et de juger.

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

-