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Le coin fantastique
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American history X
Tony KAYE

Budget = 20 M$

BOX OFFICE France = 851 / ? - 136 000 - 622 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,156 / 6,7 M$
BOX OFFICE Monde = 23,9 M$
 

Un film essentiel, un film utile, une leçon qui a l’avantage certain de ne pas être purement pédagogique, didactique et encore moins naïve : c'est également une leçon émotionnelle, de celle qui imprègne le plus. Un film que tout un chacun devrait inscrire sur une liste, comme favori, œuvre à revoir, afin de, en regardant son nom, ne jamais l’oublier, ne jamais oublier son contenu.
Un film dévoué corps et âme à démonter l’absurdité, l’inhumanité et la lâcheté du racisme. Il en démontre toute le mécanisme : l'éducation première, le drame déclencheur, les fausses théories, la réfutation de la vérité, la montée de la haine, la provocation, le sentiment de supériorité, l'auto-satisfaction confiante, la croyance désormais aveugle…. Mécanisme édifant et mis à jour avec précision, de façon presque ambiguë au début -ou plutôt efficace- afin de mieux faire tomber ces pseudo-certitudes acquises sans grandes déclamations, envolées lyriques ou moralismes d’arrière-garde. Le scénario préfère prouver simplement que le « raciste » n’est en fait qu'un faible qui se cache derrière le mensonge, cherche un bouc-émissaire à son problème plutôt que chercher à résoudre celui-ci en réfléchissant, en analysant, en remontant ses manches, faisant un effort intellectuel et se prenant par la main (dans le film son père meurt et a déjà instauré un terreau idéal pour ce genre de pensées). Le scénario va alors effectuer une mise en abîme en immergeant cet homme dans sa propre haine, cette prison, où il y a plus de noirs que de blancs, où les rôles paraissent avoir été sont inversés ; en lui montrant sa soudaine isolation (raciste pure et dure qui refuse de se serrer les coudes et finit rejetté par tout le monde, haïs et humilié).

Au final deux choses essentielles (on y revient) font surface : la haine est bétifiante, inutile (elle ne fait jamais progresser et ne dirige pas notre vie vers le meilleur), invivable, pourrissante et abjecte, elle ronge celui qui la produit et, par un effet pervers de miroir, bousille la vie de son entourage (la mère maladive, le frère qui finira mal), la détruit lâchement et égoïstement. La seconde chose est l’un des aspects principals du problème : l’éducation (très brillamment mise en exergue dans le film) ; c’est-à-dire ce qui forme le futur homme, ce qui lui impose la « vérité » et fonde les bases de ce qu’il deviendra. Si la vérité est tronquée, si les bases sont fragiles, alors l’homme chutera irrémédiablement et ratera sa vie. Tout est une nouvelle fois affaire de responsabilité.
Ce film est un appel vibrant à l’amour, plus facile à enseigner que la haine (les enfants ne sont-ils pas trop fabuleux pour qu’on leur enseigne la haine ?), il est servi par des comédiens extraordinaires et une réalisation au couteau, ciselée, blessante (l’angoissant montage de la fin qui rebondit sur un autre problème…) et puissante. Un chef-d’œuvre.
Avant de finir je voudrais m’élever contre la censure odieuse et hypocrite (ce film propose un remède à un très grave problème de société, merde !) qui l’a affublé et honteusement desservi ; une nouvelle preuve que celle-ci se situe bel et bien toujours trop à droite. N’hésitez pas : il faut le montrer dans toutes les écoles.

La critique des internautes
 

 

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