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Le cercle infernal

Richard LONCRAINE
(17-18)

Grand prix d'Avoriaz en 1978, plusieurs décennie après sa sortie ce petit chef-d'oeuvre n'a rien perdu de sa force, de son immense puissance à créer le malaise chez le spectateur, la trouille sans pourtant ne devoir user d'aucun artifice, effets tapageurs ou FX tonitruants, ni mouvement de caméra brusque, pas plus que de grand suspens ou d'effets musicaux. Une thématique sur-puissante (un deuil impossible), un scénario en béton et une intrigue épaisse, et une actrice principale qui semble vivre son rôle... Rien de plus. Ou comment la mort d'une enfant ouvre les portes de l'indicible.
Sur le papier le développement de l'intrigue pourrait paraître long en regard de ce que le film a à dire, ce même rythme que les films de genre actuels nous impose lamentablement, et pourtant il n'en est rien : après les 5 minutes comptant parmi les plus traumatiques du cinéma, ces 1h30 pourraient aisément servir d'introduction à n'importe quel épisode de n'importe quel "horror flick" moderne, type Paranormal activity. Comment cela se fait-il ? Parce que Loncraine et ses auteurs préfèrent le non-dit, le hors champs, l'impalpable, sans explication, le symbolisme qui renvoie à la folie et nous permet de douter. Ses plans pétris d'ambiguité en sont la toute puissante preuve.
On en revient inlassablement à cette musique réellement exceptionnelle, qui semble pouvoir jouer avec les notes comme avec les émotions des spectateurs, à cette réalisation veloutée, fine et remarquable (Cf. les plans de fin et cette scène absolument troublante...) qui nous permettre de faire corps et âme avec l'héroïne, son trauma, ses obsessions (sa folie ?).
Saupoudrez le tout d'un drame, d'un vulgaire accident qui nous touche tous puisque pouvant survenir à n'importe lequel d'entre nous, et voici le terreau parfait pour un film d'atmosphère comme on ne parvient que difficilement à en faire de nos jours. Le film prend son temps, installe toute une atmosphère, ses émotions, se rend crédible à nos yeux et dégage de tout cela une puissance incomparable (sauf avec Rosemary's baby, peut-être), comme si celui-ci avait une espèce d'emprise sur le spectateur. Et plus l'intrigue se délaie et plus le film est passionnant, effrayant, implacable, le sujet plongeant peu à peu dans le glauque, le scabreux, explorant les côtés les plus obscurs de l'être humain.
Une oeuvre d'une très, très grande classe jusqu'en son final immense que l'on pourra interpréter à loisir... Inoubliable.