LA référence ultime dans le genre « film 
                  d'atmosphère». Il faut dire que tout y est absolument 
                  parfait : le jeu précis et tout particulier des acteurs 
                  (Mia est époustouflante), la musique étouffante 
                  et vibrante, les décors claustro et le scénario 
                  proche d’une certaine conception "réaliste" 
                  de l’enfantement. A ce sujet le script pose les bases 
                  de ce qui deviendra notre trouble tout au long de l'histoire 
                  : une bâtisse au passé tourmentée, un étrange 
                  porte-bonheur qui semble très mal porter son nom, une 
                  herbe mystérieuse, l'ombre de la mort, un accident suspect 
                  : et une manière tout à lui de faire baigner l'œuvre 
                  dans une atmosphère distillée d'anxiété, 
                  de paranoïa et d'émotions. Avec en toile de fond 
                  le spectre continuel d'un traumatisme à même d'influer 
                  sur le futur de ce bébé invisible, ainsi qu'une 
                  menace diffuse, irréelle mais omniprésente et 
                  oppressante. Cette vie étonnamment banale, qui ressemble 
                  à tant d'autres, et qui va plonger, nous avec, dans l'horreur 
                  douce et progressive, et nous toucher au plus profond. Un chef-d'œuvre 
                  imprègne de doute. 
                  Sans oublier l'extraordinaire réalisation du maître, 
                  avec cette alternance judicieuse de scènes filmées 
                  caméra à l'épaule et d'autres, intelligemment 
                  posées, donnant ce cachet inimitable au film et nous 
                  prenant par la main.
                  Hitchcokien dans sa forme, noir comme du Polanski, un film qui 
                  atteint notre subconscient collectif plutôt que de rester 
                  un vulgaire flash rétinien, préférant la 
                  moiteur aux monstres sanguignolents et ringards. Saupoudré, 
                  progressif, parano, sombre et joyeux tout à la fois. 
                  
                  On pourra disserter des heures sur la profondeur du sujet : 
                  la crainte de l'enfantement, de la maternité et des responsabilités 
                  qui dépasse de jeunes parents ; et celle de la perte 
                  de l'être porté neuf mois durant. Tout comme celle 
                  de voir croître bien malgré nous cette étonnante 
                  et effrayante petite créature en notre sein.
                  Le plus beau film ayant jamais été réalisé 
                  sur la maternité... et sur la sorcellerie.
                NOTE : 17-18 / 20