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EDITORIAL de JUIN 2006

Qu'est-ce qui peut amener un producteur à mettre en chantier une séquelle, une suite à un film ? Ne tournons pas autour du pot : le fric !!! Pourquoi Disney multiplie les suites à ces succès ? Pourquoi 29 des 100 plus gros succès de l'histoire aux USA sont des suites (17 en france) ? Pourquoi 58 de ses mêmes plus gros succès sont ou ont connu des séquelles (41 en france) ? LE FRIC !!! Avant d'entrer de pied ferme dans l'historique, il faut tout de même rappeller deux choses : ce que l'on entendra par "suite" ainsi que quelques règles propres aux séquelles... Suites cinématographiques = films reprennant les personnages de l'oeuvre originale mais à travers une autre histoire et/ou son prolongement ; bref : on mettra un peu de côté les trilogies qui nous compte une seule et même histoire (et plus si affinités : Star wars) et les serials d'autrefois qui ne finissaient pas forcément au bout du 1er épisode.
Piqure de rappel : 1/ Les suites de films sans succès ne sont pas légions. 2/ Les bonnes séquelles ne sont pas légions. 3/ Les séquelles fonctionnent très généralement moins bien que l'originale (quoique le phénomène tend à changer ; Cf. Rush hour, Austin Powers, Mission : impossible, Scream, X-men, Shrek ; La vérité si je mens, Le transporteur ou Astérix et Obélix, côté français). 4/ Le phénomène est très majoritairement américain.
Passons à l'historique et soyons clair : les suites sont aussi vieilles que le cinéma. C'est pas parce qu'en 1974 un individu célèbre a eu l'idée d'adjoindre un "2" après un film, qu'il s'agissait de la première séquelle (Le parrain 2). D'ailleurs on trouve trace d'un Winnetou 2 (Le trésor des montagnes bleues, en VF, de H. Reinl) datant de 1964... et d'un Quatermass 2 (Terre contre satellite en VF) datant, lui, de 1957 ! Mais bon : l'histoire n'a retenu que Coppola... Donc, dès l'époque du muet, le cinéma, art par excellence, osait déjà faire de multiples suites à ses succès d'alors ; facile : les films n'était alors que des courts-métrages. La longue série des Charlot (débutée en 1914, elle compte quelques 80 films) n'en est-elle pas le meilleur exemple ? Et le genre comique de s'engouffrer dans la brêche : citons encore Malec (parfois appelé "Frigo"), alias Buster Keaton, qui connu une vingtaine de films dans les années 20, ainsi que la série des Laurel et hardy, qui lie le muet et le parlant puisqu'elle débuta en 1927 (un catalogue de 80 titres !).
Transition idéale puisque vint l'époque, tout aussi glorieuse, de la généralisation du phénomène à tous les genres de long-métrages à partir des années 30 : le film policier (Jackie Chan, Le faucon, Le saint, Dick Tracy, Boston Blackie), le western (Red Ryder), le film d'aventure (Tarzan -Weismuller mais avant lui L. Barker ou G. Scott-, Bomba, Matt Helm, Fu Manchu), la comédie (André Hardy, Deux nigauds, Toto), les super-héros (Cf. Edito 19)...etc. A de rares exceptions près, cette politique cinématographique est très massivement dû à l'industrie américaine.
Puis arrive le virage de la fin des années 50 - début 60's : le phénomène des suites, s'il continue à être répandu dans tous les genres, se tourne beaucoup plus aisément vers le genre fantastique avec les très longues séries des Dracula (avec Christopher Lee, plus de 10 films), des Frankenstein (qui renait de ses cendres en 1957 avec Fr. s'est échappé pour tenir le haut du pavé jusque dans les années 70 avec des acteurs différents) ou celles des Godzilla au Japon (la première suite datant de 1956), des Hercule et autres Maciste en Italie. Cet état de fait est encore vrai aujourd'hui... Depuis que Steven Spielberg a mis un "2" derrière ses Dents de la mer, le genre compte une pelletée de saga, séquelles et numéro en tous genre : Star Trek (10 films), Amityville (8 films et un remake), Halloween, Hellraiser ou Puppetmaster (8 films), Hurlement et Leprechaun (6 films)...etc, etc, etc.
Majoritairement fantastique mais les autres genres ne se prive pas non plus : citons celui des "films de genre" -justement- en général (action -Die hard-, kung-fu -Best of the best, Bloodfist 9, Il était une fois en Chine 6 ...) et celui des "films à succès, tout genre confondu" ; dans cette catégorie on retrouve l'inévitable comédie (Austin Powers, Police academy, La panthère rose...). Mais signalons tout de même que ces séquelles ne vont que très rarement au-delà des 4 épisodes à l'image de L'arme fatale ; les sagas de L'inspecteur Harry (6 films), La panthère rose (9 films et un remake), Police académie 7, Rocky 6, Emmanuelle 7 ou James Bond (21 films !) ne sont ici que pour me contredire... un peu.
On parlait du cinoche US, mais le cinoche français n'est presque pas en reste : si, à ma connaissance, le premier film à avoir apposé un numéro derrière son original est La cage aux folles (1980), les producteurs français ne sont pas tous et toujours sourds à l'appel des billets. Rappelons que l'époque du muet compte une série renommée : celle des "Max Linder" et ses 40 métrages en tre 1908 et 1917 ; petite parenthèse : les serials connaitront leur heure de gloire avec des auteurs tel que Louis Feuillade (années 10-20 avec, notamment, Fantômas). Puis viendront, parmi les plus célèbres, les séries des "Bach détective" dans les années 30, des Don Camillo de 1950 à 65, des "OSS 117" de 1956 à 79, des "Lemmy caution", des "Fantomas" (version De Funès) et des "Angélique" dans les 60's, des "Gendarme" de 1964 à 1980 (6 épisodes avec...). La saga des "Mon curé chez..." connu 4 films et 2 remakes entre 1956 et 1983. En 1974 la suite de Borsalino se nommera Borsalino and Co. Depuis, les séquelles à la française sont légions : Charlots, Bronzés, 7ème compagnie, Sous-doués, Ripoux, série animées (Astérix -bientôt 8 films, Lucky Luke, Tintin...) rejoint par les récents Poupées russes, Kirikou, Transporteur, Rivières pourpres, Taxi, Les visiteurs, 18 ans après, Parfum de la dame en noire, Pédale dure, Jet set, OSS 117... et les prochains Les randonneurs 2 ou Le coeur des hommes 2.
Ben voilà : le petit tour d'horizon a été effectué. Le phénomène c'est rudement accentué ces dernières décennies (que celui qui n'a pas vu une séquelle inutile me jette la 1ère pierre) et il est fort à parier que, au milieu de remakes à tout va, de recyclage plus ou moins officiels d'idées, Hollywood et Cie ne sont pas près de cesser d'envahir le marché du 7ème art avec des "2"... et des "3"... et des...etc.

Petit délire autour des suites :
- Le recordman de numéro : non, ce n'est pas Vendredi 13 (enfin, seulement en ce qui concerne les films sortis au cinéma) mais la série des Witchcraft... qui en est au 12ème épisode !!! N.B. la filmo du réalisateur Yoji Yamada fait mention d'une saga, Tora-San, ayant atteint son 45ème épisode... je n'en sais pas plus.
- En France, la plus longue saga moderne semble bien être le cartoon Astérix et Obélix (8 métrages... pas toujours français d'ailleurs) suivi de près par OSS 117 avec 7 films à ce jour.
- L'une des suites d'une grande saga n'a strictement rien à voir avec la série et est un film à part entière... il s'agit de Halloween 3, où Micheal Myers n'apparait pas... il y est d'ailleurs question moins de psychokillers que de jouets-tueurs !
- La suite d'un moyen-métrage : Carne a donné Seul contre tous.
- Les suites arrivées sur le tard : 27 années sépare Les bronzés 2 et Les bronzés 3 !!! Moins fameux mais plus dingue encore, la suite de Drôle de couple (1968) est arrivée... en 1998 !!! Celle de La fiancée de papa (1961) débarqué en 1986 ! Citons encore les suites de Blues brothers (18 ans d'attente), de L'ascenseur (18 ans de paix...) ou encore de Le loup-garou de Londres (16 ans d'attente inutile).
- Les sagas qui ne sont que des suites masquées : Harry Potter, Rocky, La planète des singes, Star wars,...
- Les suites auteurisantes : 2046 est la suite de In the mood for love (W. Kar-Wai), Si loin, si proche celle de Les ailes du désir (W. Wenders)...