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EDITORIAL d'OCTOBRE 2005

Les films français sortent-ils aux USA ? Quel avenir ont-ils là-bas ? Qu'elle a été leur histoire ?
Voilà les questions auxquelles je vais répondre dans les lignes suivantes. La 1ère -les habitués du box-office américain en savent quelque chose !- appelle inévitablement un OUI massif. Il ne se passe pas un mois sans qu'un, ou généralement plusieurs titres français débarquent sur quelques écrans US (très peu bien souvent : plutôt dans les salles de New York ou de Los Angeles) ; les reprises de vieux films viennent même parfois créer la surprise (Godard a encore de nombreux fans outre-atlantique...). Mais la donne a énormément changé depuis 10 ans... revenons quelques décennies en arrière...
Avant 1979 le cinéma français avait une réputation -souvent justifié d'ailleurs- de "cinéma d'auteur", au potentiel commercial quasiment égal à zéro sur le territoire nord-américain ; aucun film hexagonal n'avait jamais vraiment su faire parler de lui, en tout les cas (d'après les chiffres américains officiels) aucun n'avait atteint le million de dollars de recette. Première date clé : le 30 mars 1979. Un film français, grand public, ayant drainé 5,4 millions de spectateurs dans son propre pays, va, non seulement devenir le plus gros succès français (et en langue française*) sur le sol américain. Il s'agissait alors de... La cage aux folles et il aura rapporté 20,4 millions de dollars. Une date historique ! Le 2 décembre 1982 il sera détrôné par La guerre du feu (21 M$) qui restera sur son siège jusqu'à ce que J.-J. Annaud se succède à lui-même avec L'ours et ses 31,8 millions de beaux dollars !
Deux décennies qui vont tout de même permettre aux ultra-nationalistes distributeurs US de s'ouvrir sur l'étranger, très discrètement, et de voir quelques titres émerger... c'est-à-dire rapporter plus de 2 millions de $ (voir la liste). De très rares titres en fait, hors-mis les 3 sus-cités : 16 films sur la période allant de 1981 (sortie de La cage aux folles 2 -6,9 M$- et du Dernier métro) à 2001 ! Des miettes !!! Et pas plus de 2 films "à succès" par an ; en 1987 sortiront Jean de Florette (4,9M$) et Manon des sources (3,9M$) et en 1990 ce sera le tour de Cyrano de Bergerac (5,8M$) et de Nikita (5M$ ; premier et important succès de Besson aux States... on en reparle tout de suite).
C'est alors qu'un français va créer l'évènement en comprenant une chose pourtant fort simple : ce n'est pas la nationalité du film qui compte, mais bel et bien la barrière de la langue (même si Tigre et dragon -128 M$- lui donneront un peu tort). C'est pourquoi le 9 mai 1997, un certain Luc B. va sortir en grande pompe un 5ème élément tourné en anglais, avec des acteurs américains mais plus de 50 % de capitaux frenchies. Résultats ? Un record absolu : pour la première fois de l'histoire un french movie se hissera à la première place du podium et finira par engrangés 63,8 millions de dollars !!! Et voilà les américains qui commencent à tourner la tête vers les autres continents, attirés par de salivantes franchises étrangères (on névoquera pas ici le phénomène des remakes ni celui des réalisateurs français expatriés le temps d'un film... une autre fois, sans doute, si demande de votre part il y a !). Mais il faudra encore attendre 5 ans avant qu'un triple évènement ne secoue le BO US ; 2001 : pas moins de 7 oeuvres françaises dépassent les 3 millions de recette. Mieux : l'une d'entre elle, en VO s'il-vous-plait, subtilise le record alors détenu par La cage aux folles... Amélie Poulain devient le plus gros carton pour un film en langue française : 33,2 M$. Mais il y a encore mieux : les 7 films réunis rapportent à eux seuls 96 M$ ; le record absolu magnifié par le petit carton du Baiser mortel du dragon.
Et depuis bien des choses ont changé : le ciné français ne fait plus office de figurant, autant par le nombre que par le poids économique, le marché US est perméable. Si l'on fait abstraction du pauvre an 2002, c'est 4 ou 5 films hexagonaux qui envahissent le territoire cainri et passent les 2 M$ chaque année (sans compter les très nombreux films évoqués, en sorties plus confidentielles). En 2003 Le peuple migrateur (10,8) devient le 2ème plus gros succès pour un documentaire, toutes nationalités confondues et Le transporteur crée l'évènement en rapportant 25,3 M$ ! Six plus ou moins gros succès et plus de 55 M$ empochés !
2004, les films français sont installés : grâce à deux blockbusters made in France, Deux frères et Le pianiste, le cinéma hexagonal rapporte 75 M$ grâce à 7 films. En même temps, un cartoon, en grande partie français, se fait remarquer : Les triplettes de Belleville accumule 7 patates.
2005 : une nouvelle page d'histoire cinématographique est tournée : La marche de l'empereur (65 M$) réalise un triple exploit. Il devient le film français le plus vu en Amérique, le plus rentable également, il subtilise la place de 2ème plus gros succès pour un docu aux oiseaux de Perrin et permet au ciné français de passer allègrement au-delà de la barre mythique des 100 millions de dollars rapporté dans les salles américaines ! Le transporteur 2 enfonce même le clou : il sort à la première place et devrait ratisser quelques 50 bâtons US.
Les USA ont changé leur fusil d'épaule, et c'est tant mieux : le premier exportateur de film rétabli -un tout petit peu- l'équilibre économique en s'ouvrant aux cinéma étranger... Mais est-ce un effet de mode ? Je ne crois pas : les effets de mode, aux USA, ne durent pas si longtemps !!! Le pays risque, dans un proche avenir, de faire avec la concurrence extérieure, comme le font tout les pays du monde avec le ciné US, et ça ne peut que forcer les producteurs à revoir à la hausse la qualité de leur produit (on peut quand même rêver, non ?). Et puis le premier exportateur de film français (Besson !) devrait frapper un grand coup et partir à l'assaut de nouveaux records avec son Arthur... A suivre...

* Les films étrangers sont généralement distribués en V.O. sous-titrée.