Les aventures du shérif d'Eddington, durant l'épidémie de COVID. Filmées par Ari Aster.
L'obsession des masques, les affabulateurs et l'émergence des complotistes : Aster semble arriver après la bataille et on se demande pourquoi il remet tout ça sur la table, si tardivement. Comme si on en n'avait jamais parlé avant.
Il a beau ajouter une élection à la mairie avec ses enjeux (la problématique construction d'un data center) et divers sujets annexes (Black live matter), le film bafouille, se perd en conjecture. Avant d'imposer son sujet : l'Amérique d'aujourd'hui et ses profondes divisions.
Si Aster impose sa griffe derrière la caméra, son script continuer à traîner la patte, griffonnant une caricature pleine de circonspection, manquant de rythme et de passion. Même si formidablement grinçante.
Mais Eddington fait valoir son casting de dingue (sacré personnage que celui de ce shérif, loser pathétique et incompétent !) pour un film qui pointe, à l'attention des américains, la division fondamentale et terrifiante qui règne aux USA, entre les citoyens, entre une extrême-droite déconnectée du réelle et tout autant plébiscitée, et une gauche réaliste mais en manque de discours convaincant (ou en manque de citoyens usant de leur cerveau aussi bien que de leur téléphone portable ?). Une Amérique au bord des flammes et du chaos social.
Le film décante longtemps avant de dégénérer vers cette folie et le gore si chers à l'auteur, et dont regorge son cinéma. Pas de quoi faire oublier l'espèce de routine ennuyeuse d'une narration brouillonne et donc j'ai détesté la progression.