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The Fabelmans
Budget = 40 M$
BOX OFFICE France = 2 927 / 64 923 - 367 000 - 935 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,162 / 17,3 M$
BOX OFFICE Monde = 45,6 M$
 

Spielberg nous parle frontalement de sa passion : réaliser des œuvres cinématographiques.
Et pour se faire s'il y a bien une chose que l'on allait scruter avec attention et une exigence sans pareille, c'est bien sa façon de mettre en scène ses Fabelmans. Logique ! Et bien je peux vous dire que le film va bien au-delà de mes propres attentes car, pour une œuvre essentiellement dialoguée, la réalisation du maître est ici d'une délicatesse infinie, douce comme un cocon (le cocon familial assurément), raffinée quant à s'approprier les espaces, notamment entre les divers personnages, de même qu'entre les personnages et leur environnement (ce plan où l'on voit pour la première fois le père quasiment défaillir !). C'est mis en images avec une finesse extrême dans le regard (celui de la mère découvrant quelques séquences de sa propre vie sur un mur...) et un don extraordinaire quant à porter ce même regard, celui des protagonistes, les uns envers les autres. Absolument et irrémédiablement sublime.
J'avoue que je vais émettre cependant quelques réserves au sujet du scénario : non pas que cette histoire ne m'ait plu, étant donné qu'elle a trouvé des résonnances troublantes et évidentes avec ma propre enfance / adolescence (le choc du premier film, celui de ma première caméra, le copycat des films vus...etc). Impossible pour ma part de rester insensible au fond de commerce du scénario pas plus qu'à ses personnages bien trempés : la mère, artiste dépressive qui culpabilise, et ce père, plus pragmatique, inconditionnellement avenant et que rien ne semble pouvoir ébranler... Et que les acteurs sont brillants !
Pourtant, à bien y regarder, The Fabelmans ressemble à s'y méprendre à une quelconque success story à l'américaine, sans heurt ni dramaturgie, si ce n'est celle qui court et que l'on voit venir de très loin. Spielberg projette ici sa propre existence à travers un film qui reste trop balisé (vie de famille, lycée, fac, intimidation, love story, bal de promo... etc) et, pour le coup, aurait mérité d'être rabotté, façonné. Cependant le film finira par séduire grâce à son immense et à son intense sincérité, sa fraîcheur dans le domaine de la coming of age comedy. Steven n'a pas voulu, et à juste titre, en faire un film référentiel et moderne à tout prix, mais une oeuvre strictement personnelle.
Il n'a pas voulu non plus écrire ou réécrire sa propre vie -le film n'est officiellement pas un biopic même si on y retrouve beaucoup de l'auteur- mais plutôt rendre un vibrant hommage à son coeur de métier (Spielberg n'a scénarisé que 4 de ses oeuvres...), décrypter méthodiquement sa transformation en cinéaste et en retirer la substantifique moelle. Ainsi passe-t-on par les étapes incontournables qui gagnent tous les passionnés, et assurément les plus grands : la passion qui se transmet directement par un film, puis par sa reproduction à l'identique. Ensuite vient l'inventivité, où quand l'élève prend son envol, puis l'auteur s'approprie son art comme un véritable moyen d'expression ; puis vient le temps de la "direction" à proprement parler (celle des acteurs), avant de pouvoir gagner le titre de véritable entertainer et, peut-être, prétendre à changer quelques vies grâce à son art. Ou peut-être changer seulement quelques points de vue comme aurait aimé le dire John Ford (dont l'interprétation dans le film est définitivement surprenante !) ou le laisser sous-entendre le formidable dernier plan de The Fabelmans.

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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