Tout débute par la description des autres victimes des attentats du Bataclan : ceux qui ont perdu un proche et doivent vivre désormais sans eux. Description clinique et dure, émouvante, sobre, doublée d'un très beau texte, brillant d'intelligence et de justesse, de sérénité.
Sur le fond le film se défend très bien, d'autant plus que, finalement la morale est bien plus ad hoc avec le texte coranique et sa sagesse, avec celle de la Sira, plus puissant que n'importe quel acte de haine, de lâcheté, d'indignité, de faiblesse. Et il n'est jamais un appel à la non justice !
Vrai, jamais larmoyant mais fort, puissant, c'est le récit d'un homme qui lutte positivement contre la haine et apprend à être heureux après son drame. Un témoignage important même s'il demeure une question essentielle : le livre ne se suffisait-il pas à lui-même ? Le film a-t'il autre chose à nous dire ? Car il évoque plus le difficile travail de deuil, très classiquement d'ailleurs, que ce travail philosophique et moral qu'induit le texte et le personnage. Effaçant toute autre trace de réflexion (islam, terrorisme,...etc) et se refusant à dépasser le stade de la simple description, Vous n'aurez pas ma haine s'évapore sur la durée, tourne en rond, de même il cumule quelques scènes vraiment gênantes et incompréhensibles si l'on reste pragmatique (le repas donné et mis joyeusement dans les toilettes, le danger ignoré et totalement ubuesque des fenêtres ouvertes dans le contexte).
Deladonchamps y est impeccable et le petit bout fabuleusement dirigé.
