Audiard se frottant au western : voila qui fait saliver.
                  Et il nous offre effectivement une oeuvre originale, littéraire, 
                  aux acteurs chevronnés et à la symbiose parfaite. 
                  Pourtant j'ai eu toutes les peines du monde à le cerner 
                  ce film et, par conséquent, à m'y attacher.
                  Les présentations y sont très bavardes, elles 
                  nous emportent vers une aventure humaine, un peu raide, moins 
                  centrée sur l'action que sur des personnalités. 
                  Cette action est ici un simple prétexte semble-t-il. 
                  Une chasse à l'homme et à l'or où l'être 
                  humain est faible, simplement appâté par la perspective 
                  d'un quelconque gain. Le premier groupe d'hommes -les chasseurs 
                  de prime- n'est qu'une simple expression de la violence de l'époque 
                  ; Et ils sont à mettre en exergue avec le second groupe 
                  -les proies-, qui par l'intellectualisation de leur recherche 
                  de profit semble vouloir donner une réponse à 
                  la violence de ce Far West. Ils sont d'ailleurs tous hantés 
                  par le fantôme brutal d'un père (bien trop peu 
                  développé dans le scénario...). 
                  Pourtant tout cela me parait maladroit : le film s'empare d'un 
                  sujet classique (la chasse à l'homme), le tord pour en 
                  extraire sa substantifique moëlle et donner une prétention 
                  réfléchie à l'oeuvre. Mais j'ai trouvé 
                  l'exercice absolument vain. Des portraits de personnages profonds, 
                  noyés dans un décorum ; personnages poursuivant 
                  on ne sait trop quoi au final. Les images sont belles mais Audiard 
                  est un peu trop timoré derrière la caméra. 
                  La musique est suffisamment atypique pour convenir de signaler 
                  une nouvelle fois qu'elle est la marque d'un grand : A. Desplat.