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Detroit
Budget = 34 M$
BOX OFFICE France = 859 / 15 992 - 106 000 - 328 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,4 / 16,8 M$
BOX OFFICE Monde = 21,5 M$
 

Amèrement déçu sur tous les plans, alors que j'attendais beaucoup de ce film, de cette réalisatrice que j'ai en très haute estime et suis depuis ses débuts. Chronique des évènements interraciaux de Detroit qui conduirent à des exactions policières abominables, Detroit se veut être un témoin du passé pour éclairer le présent, et surtout pour souligner que rien, ou presque, n'a avancé depuis (voir les récentes relaxes de policiers aux USA). Sauf que le film, qui se divise grosso modo en trois parties, est d'une maladresse scripturale assez surprenante. La première partie ne nous permettra jamais de rentrer dans le propos, peinant à construire une histoire, un récit, s'en tenant à de simples faits comme le ferait tout "bon" journal TV. Les émeutes vécues de l'intérieur afin de nous prouver que la pire des tensions conduit aux pires réactions et atrocités ; que le racisme est le cancer de nos sociétés et qu'il est en phase terminale lorsqu'il s'agit de racisme étatique. Evident. Puis les personnages émergent en seconde partie : et il est délicat de se projeter ; faussement épaissi, ils ont vraiment beaucoup de mal à prendre vie à l'écran. D'un côté ces noirs qui rêvent de gloire presque mal à propos et celui, pas assez développé, qui refuse de vendre son âme aux blancs, de l'autre ces flics caricaturaux et péniblement joués (j'ai décidément beaucoup de mal avec l'interprétation de Will Poulter). C'est à ce moment également que l'on se rend compte du travail incompréhensible de Bigelow : filmant chaque scène caméra à l'épaule, froidement, sans partie pris esthétique mais surtout sans distinguo entre les diverses intensités et les moments dialogués. La seconde partie est en fait un véritable naufrage : une scène d'interrogatoire très musclée et dramatique, passablement étirée (40 minutes) et passablement écrite, qui reste au final, non pas le point d'orgue du scénario mais la scène qui nous sort littéralement de l'histoire. Loin de l'impact désiré, elle est aussi anarchique qu'elle a du être vécu mais jamais cinématographiquement retranscrite avec justesse et force. Les situations paraissent mêmes ubuesques (le gospel...), presque banales en regard de l'histoire du cinéma et de ce que l'ont sait de l'Histoire, la dramaturgie est maladroitement réécrite, il n'y a pas de point de vue et, pire que tout, aucune intensité n'en ressort. Jamais on ne ressent cette peur qu'éprouve les personnages... Reste une dernière partie courue d'avance, rejouant le film dans un tribunal.
Je peux paraître un peu dur mais jamais je ne me suis senti impliqué alors que, pour ceux qui me connaissent, ce genre de sujet me fait généralement bondir... dans la vraie vie. Terrible.

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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