Je l'avoue bien bas : je n'aurais jamais cru apprécier 
                  une oeuvre de C. Barratier, et encore moins le voir réaliser 
                  l'un des meilleurs film français de l'année. Mes 
                  plus humbles excuses...
                  Comment rendre excitante l'histoire limpide et encore toute 
                  fraîche en nos mémoires de Jérome Kerviel 
                  ??? Le récit non chronologique fait déjà 
                  son petit effet et nous happe suffisamment pour avoir réellement 
                  envie d'assister au parcours d'un homme frustré et bourré 
                  de talent qui va apprendre sur le tas jusqu'à dépasser 
                  toutes les expectatives. A. Dupont est parfait dans le rôle 
                  et sait faire évoluer son jeu d'acteur au fur et à 
                  mesure que son personnage prend conscience de son potentiel 
                  ; mais il est difficile d'arriver à la cheville de l'explosif 
                  F. X. Demaison, tout d'abord parce que celui-ci possède 
                  un talent indécent, et ensuite parce que son personnage 
                  est d'une importance capitale dans le récit. C'est lui 
                  qui met en exergue le monde alluciné et malade des traders, 
                  monde aux allures ridicules vue de l'extérieur, aux allures 
                  insensées une fois à l'intérieur de la 
                  place. Le milieu nous est présenté avec une grande 
                  justesse, usant de belles métaphores pour nous en faiure 
                  saisir tout le fonctionnement : moins irrévérencieux 
                  qu'insultant, à l'arrogance, à l'indécence 
                  telles qu'il nous offre sur un plateau le coeur de notre Saint 
                  capitalisme, totalement inégalitaire, rongé par 
                  le fric. La finance, lieu excessif où nait le cancer 
                  de notre société de consommation, où l'appât 
                  du gain a plus de poids que les valeurs humaines (la famille, 
                  particulièrement malmenée), où le stress 
                  est vue comme une normalité et l'argent une nouvelle 
                  religion (les citations bibliques perverties par le personnages 
                  de F. Keller / Demaison ne laissent planer aucun doute).
                  Et la conclusion est particulièrement croustillante puisqu'en 
                  substance il nous est clairement exposé que le pion Kerviel 
                  n'est que le symptôme d'une société malade 
                  et moribonde qui s'ignore, symptôme que l'on montre du 
                  doigt, soigne comme étant la maladie elle-même... 
                  Société hypocrite s'il en est. Le film n'est pas 
                  parfait mais fortement louable, parfois un peu fade, le nez 
                  dans le guidon (drogue, suicide, filles faciles...etc) et quelques 
                  scènes auraient pu nous être évité 
                  dans la mesure où elles n'apportent rien (la love story). 
                  Visuellement à la fois sobre et très technique.