Le quotidien d'une famille juive durant la seconde guerre mondiale,
dans la France occupée : se voyant dans l'obligation
de confier leur petit garçon à une famille de
la campagne, afin de le sauver d'une éventuelle rafle.
Passé l'aspect purement visuel du film (la non-réalisation
de Berri, qui se contente d'enregistrer les images, sans point
de vue, sans découpage, d'accompagner physiquement les
comédiens dans un noir et blanc assez fade) on se plonge
très vite dans le scénario.
Claude est accueilli dans une famille, entre autre, composée
d'un "pépé", complètement fou
de son chien, végétarien ; et antisémite.
Le vieil homme et l'enfant fait partie de ces
films drôles, à la fois tendres et grinçants,
durement réalistes quand à l'état d'esprit
de certains français dans les années 40, quant
à leur répugnance totalement irraisonnée
envers les juifs et ce racisme ordinaire durant la guerre. Et
c'est l'histoire de cet enfant qui découvre sa supposée
différence, à travers le regard des autres, leur
attitude envers lui, une différence pernicieuse que le
papy ne verra pourtant jamais, très justement aveuglé
par la tendresse qu'il a pour cet enfant... Deux êtres
que la religion et les préjugés séparent,
opposent, mais que l'amour réunit, comme les liens sacrés
entre un grand-père et celui qui aurait pu être
ce petit-fils qu'il n'a pas. Le vieil homme et l'enfant
évoque cette haine criarde qui résonne
encore aujourd'hui, bien ancrée dans ses mêmes
campagnes qui donnent leurs votes aux partis racistes, par inculture
et ignorance de l'autre : faute de mixité culturelle
et sociale, à cause d'une méconnaissance aveugle
et parfois dogmatique de ceux qu'ils disent pourtant haïr.
Michel Simon compose encore une fois une partition extraordinaire,
entre douceur et antipathie, hilarant au gré de dialogues
absolument irrésistibles, incontournables. J'en veux
pour preuve ces punchlines qui sont passées dans le langage
populaire ("Encore une que les Boches n'auront pas",
"Tu veux le mien, il est plus gros", "Café
bouillu, café foutu"). Le vieil homme et
l'enfant est également un regard historique
sur la France profonde, rurale, celle qui a le moins souffert
des restrictions (d'ailleurs le chien mange à sa faim
!) et des immondes rafles allemandes (ou françaises...).