Ferrara et son rapport aussi étroit que conflictuel
avec la religion. Son discours imprégne tout le scénario...
Sans nom, notre funeste héros est lieutenant de la police
new-yorkaise, shooté et imbibé d'alcool pour tenir
le choc, fan de baseball et de paris sportifs, flic aux méthodes
très peu orthodoxes, créature de la nuit, accroc
au sexe. Et père de famille respectable.
Ferrara promène sa caméra dans la cité
du vice, de la déchéance, de la crasse humaine,
du crime et de la came, les acteurs jouent le jeu au-delà
de ce qu'on leur demande : Harvey Keitel est tout simplement
habité, possédé, rongé jusqu'à
l'os par son rôle. Une odyssée dans les bas-fonds
de la mégalopole, aux images brutes, violentes, provocatrices,
outrancières et choquantes, Bad lieutenant
représente le regard de son auteur sur l'humanité,
son désespoir, ses solutions tristes et radicales. Il
ne reste à notre protagoniste qu'à se transmuter
en ange vengeur, moins absolu qu'un certain Driller
killer, puisqu'il ne se trouve même pas être
le pire des démons que porte cette terre, puisqu'il ne
peut trouver de pardon et, surtout, de rédemption dans
son existence de pécheur.
Une œuvre à l'image de son auteur : sans concession
aucune. Des images que l'on n'oublie plus.