Le Cambodge post-colonialiste : le blanc ne s'accapare plus les richesses 
          du pays de la même façon, il ne vole plus les terres mais 
          les achète, il ne viole plus les jeunes filles et les enfants 
          mais il monnaie leurs services pernicieusement... Retour à 
          la vie est une oeuvre méritante plus que larmoyante, 
          et pourtant il vous sera difficile de retenir vos larmes face à 
          ce "spectacle de honte" dont on sait très bien qu'il 
          n'a strictement rien de fictif. C'est tout d'abord un film techniquement 
          très abouti : la réalisation est emballante, vivante et 
          communicative, les images renversantes de beauté, la musique 
          absolument somptueuse et son actrice-réalisatrice est à 
          découvrir de toute urgence. Une oeuvre étonnament maitrisée.
          Et puis c'est un sujet brûlant que le film aborde, mais un sujet 
          qui mérite tellement que l'on en parle plus que de nos petits 
          problèmes de crise bourgeoise : la prostitution enfantine et 
          l'exploitation, la violence faite à de très, très 
          jeunes enfants. Révoltant, abject et insupportable. C'est une 
          immersion dans un pays magnifique, pays qui cache mahabillement de vils 
          horreurs personnalisées par une pauvreté crasse et telle 
          -on y évoque brièvement l'histoire du pays- qu'elle débouche 
          insidieusement sur ce genre d'abus innommables et choquants au plus 
          haut point. C'est une façon formidable et bouleversante de nous 
          présenter ce problème extrêmement grave et inquiétant, 
          même si le scénario joue de rares maladresses (au tout 
          début du film, il ne prend peut-être pas assez son temps), 
          de le mettre en abyme par le biais de personnages extraordinaires et 
          traités avec justesse. Et on y entendra bien des abominations, 
          si bien que l'on a parfois beaucoup de mal à en croire nos pauvres 
          oreilles pourtant, semblent-il, habituées à un déferlement 
          d'horreur tous les soirs après 20 heures.
          Simple, poignant, terrible, émouvant, à la fois cru, âpre 
          et très pudique. Réaliste également.
          C'est un devoir de citoyen du monde de soutenir ce petit film, de rebondir 
          et réagir à sa vision : une oeuvre qui m'a personnellement 
          donné envie de me battre pour cette cause !