Les cinéastes américains n’ont plus le monopole de l’étrange. Le français Ozon y arrive avec ce court métrage des plus réussi. Passons rapidement sur le traitement de l’image, couleurs fades, limite vidéo, qui tranche avec des séquences où les tonalités ocres (le bois), rouges (la toile de tente) sont là pour nous rappeler que l’auteur joue avec le spectateur : ça pourrait ressembler à un court français où à un long de Rohmer : mais le sujet est plus ambitieux. Car Ozon joue réellement avec les nerfs du spectateur : son sujet s’y prète ( une inquiétante auto-stoppeuse –tiens, une femme- débarque dans la vie d’une femme seule avec son bébé –les pôles fragiles du cinéma horrifique-), son traitement nous y force (le bébé souvent seul avec où sans l’inconnue, les dialogues étranges et morbides, les détails scato…), son actrice nous y contraint (sâle, renfrognée, énigmatique, silencieuse, méchante). L’électrochoc finale ne doit pas nous faire oublier le véritable propos de l’œuvre : le désir féminin d’enfanter sans douleur physique ou morale. L’auto-stoppeuse vole l’enfant, elle a une vision cauchemardesque de l’accouchement et son avortement, dû à ses peurs, est certainement la cause de sa folie meurtrière (la preuve : la séquence où, dans le cimetierre, elle entend pleurer un bébé et glisse sa main dans une tombe… lourd de sens. Un film militant ?). Des défauts ? Peut-être la scène dans le bois, ni chocante, ni utile puisque déjà-vu et sans logique sinon un fantasme de l’auteur , à la vue de l’équilibre mental de cette jeune anglaise ; un détail… pour une œuvre que l’on sent proche de l’univers de Mc Naughton. Une référence du genre, si genre il y a.