Quand je ne dors pas est avant toute chose un film esthétique : filmé dans un noir et blanc classieux, épais, où les tonalités sombres brillent de mille feux. De même le réalisateur "griffe" son film, centrant anémiquement ses personnages à l'écran, jouant de quelques effets de miroir, cadrant au plus près des corps, usant de plans longs ; un artiste à suivre de près. Et puis il y a le fond : je lui est trouvé un petit côté emprunté à Truffaut (le personnage principal se nomme "Antoine"), quelque chose de la Nouvelle vague assurément ; onirique, insouciant, léger, plein de sautes d'humeur et de mots, des bons mots (dialogues ciselés), un voyage noctambule avec un grand souffle de liberté, un ton pour le moins personnel et référentiel à la fois. Poétique jusqu'au bout des ongles. C'est sans doute cet aspect qui le classe définitivement en "Art et essai", on a parfois l'impression que cette belle mécanique tourne en rond et que le film pourrait durer 3 ou même 4 heures ; c'est sans doute son but après tout. Dernière chose : l'acteur principal est vraiment à tomber par terre : messieurs les auteurs français.... faites-le tourner !!! Ce jeune homme a un grand avenir.