Ils auraient pu en faire un drame larmoyant, un film politique classique... mais sous la houlette du grand Andrew Niccol, le film se métamorphose en comédie dramatique acerbe, une véritable perle de cynisme. Le héros est le pire des salops imaginables : il vend des armes aux plus offrant pour s'enrichir ; et pourtant ces combines sont démontées avec une légèreté foudroyante, l'humour des dialogues et des situations est délicat, appuyé et fin, le scénario suffisamment enchanteur pour nous amener dans cette histoire a priori pas très excitante. Marchands d'armes... comme les gouvernements (dans une légalité forcément relative) de nos pseudo-démocraties en route vers un monde pacifique, ces hommes politiques qui, derrière leurs sourires télévisuels, vendent des armes de destruction (massive, parfois) en se gardant bien de s'appitoyer sur les conséquences de leurs actes, conséquences qui ne semblent être que le fruit de haines, de mésententes et de rages qui ne sont pas les leurs. Une oeuvre qui dénonce l'hypocrisie de tous ces hommes, marchands de mort sans remords puisque propres du sang des autres (ils n'ont jamais tiré sur quelqu'un !), un film en forme de douche froide qui nous (mais est-ce que Bush, Blair, Chirac ou Poutine ont vu le film et ne leur est-il pas plus destiné qu'à nous autres, payeurs d'impôts et de taxes aveugles ?), qui, disais-je, nous met face à des faits crus pour mieux nous en dégoûter, il nous fait palper tous les rouages, y compris humains, de ce marché aussi lucratif qu'immonde. Le tout réalisé de main de maitre (le générique est à tomber) et dont le ton résolument décalé dénote joliment par rapport à la production hautement manichéenne et condescendante que l'on a coutume de voir.