Il y a d'un côté les films pour ados (teen movies, gros films lyposucés et autres, avec, quand même, quelques bons crus dans le lot) et de l'autre les films sur l'adolescence, plus rares. Après le choc américain issu de la filmographie du génial Larry Clark, voici un film foudroyant en provenance direct de Suède. Tous les thèmes qui nous ont touché (où nous touche encore, c'est selon...) y sont abordés avec finesse, intelligence et de façon très abordable, voir carrément "in", par -l'immense atout du film- une pléiade d'acteurs investie plus que jamais par un rôle qui n'est autre que celui qu'ils vivent au quotidien. Etudes, avenir, famille, ennui, amitié, solitude, drogue et alcool, suicide et homosexualité sont les pierres angulaires de cet âge (ingrât) où tout bascule, coincé entre le cosy de l'enfance et les responsabilités harassantes de l'âge adulte. Alors on s'interroge sur son futur professionnel (ce que l'on veut faire, ce que l'on peut faire) et amoureux (mariage + enfants, célibat, conquètes multiples, ...autre), sur son rôle dans la société (s'intégrer, être quelqu'un, l'amitié et l'amour, les garçons ou les filles,...) et l'on se force à la fois à oublier tous ses problèmes transitionnels (les abus et excès en tout genres, alcool, fugue et suicide compris) qui, finallement, décideront de tout. Et parmi ces thèmes savamment étudiés il en est un qui revient et préside tous les autres : l'Amour. Et les interrogations sur soit recommencent pour la bimbo qui a grand mal à aimer et à avouer cet amour pour la petite solitaire et timide un peu dépressive (et combien d'ados se reconnaitront dans son personnage...). Refus violent, angoisse, tristesse, beauté (la scène du véritable premier baiser dans le noir sur fond de "I wanna know what love is" de Foreigner... à couper le souffle...) et acceptation lors d'une scène finale absolument magnifique, que l'on croirait calquée sur celle de "Butch Cassidy et le kid"... sauf qu'ici personne ne va mourir, la caméra ne s'arrètera pas et les sourires satisfaits se feront devant l'écran. La dernière scène, tellement anodine, laissant finallement planer un doute sur le devenir de 2 adolescentes. Le doute : voilà,en fait, le thème central de Fucking Amal. Et tout celà sur un ton léger comme la réalisation (gracieuse et sans complexe), avec une bonne dose d'émotion jamais chiqué et de sensibilité rare. Le genre de film que l'on aimerait ne jamais voir finir...