Après quelques minutes où notre esprit recherche une certaine identification aux images, la scène de dispute entre Marie et ses grands-parents va nous plonger dans un sacré film. Hors-mis « Léon », il y a un bout de temps que le cinéma français ne m’avait pas procuré autant de plaisir.
Pour l’exemple, la surprenante réalisation de Becker. Le choix judicieux de la subjectivité lorsqu’Elisa dit ses quatre vérités à son mari. Le plan tronqué des grands-parents (on ne voit que leurs jambes) lors de leur première apparition, explicitant un souvenir partiel ou la position de la gamine. L’implication de Marie en tant que personnage principale dans la réalisation des scènes de dialogues. Et, enfin, les différents changements très rapides de plan et de focales lorsqu(elle hésite à tuer son père.
Le monatge est plutôt expressif (cf. la scène de la danse), rapide et intelligemment utilisé à des fins narratives. De même cette photo formidablement riche se substituant à notre regard et nous entrenant dans les changements temporels (preésent-passé) et spaciaux (Paris-l’ile de Sein). Autre point positif : les scènes nocturnes très humides et celle avec P. Leotard, totalement intemporelle, sortie de nulle part.
Pour ce qui est des acteurs, V. Paradis a du clore les bouches de bons nombres de ses détracteurs ; et pour cause… Fini les cabotinages d’amatrice du 1er film, les excès de jeu et l’inexpressivité. Elle a peut-être du mal à entrer dans le rôle mais après, elle fait merveille. C’est plus aux dialogues parfois caricaturaux qu’il faut faire des reproches. Gégé, quant à lui, nous fait en l’espace de dix secondes, oublier sa contre-performance de « La machine ». C’est dans ce genre de rôle qu’il sait vous faire frémir de peur ; impressionnant ce personnage salit et rude d’aspect, émouvant cet homme qui, l’espace d’un claquement de doigt, devient pitoyable, paternel, tendre. Un rôle truculent. De plus ces deux-là sont épaulés par de très bons second rôles : la mère et l’amie (excellents !), les grnads-parents. Dans une moindre mesure les Deschiens. Par contre je serais plus réservé quant au petit gosse, peu à l’aise.
Coté scénario, si l’errance de ses trois enfants-adultes ne vaut pas un « Sans toit ni loi », elle reste intéressante si l’on oublie la gratuité, où la situation quelque peu forcée, qui résulte de la scène du mariage. En clair le scénarsite doit être un vrai dramaturge : quète douloureuse, rapport psychologique entre les personnages pointilleux, excessif et violent, une œuvre dure et drôle. L’évolution du personnage de Marie est trè soignée, elle évite les grooses ficelles génantes et adopte une mouvance toute naturelle. Je crois que la force du film tient à la justesse de ses émotions, à l’ambiance « vérité » de la confrontation père/fille. Un film assez littéraire et plutôt magistral. Ne reste que la musqiue qu’une oreille avisée aura tout de suite remarquée ; non seulement le film se construit autour d’une chanson, de ses paroles, mais le reste de la bande original s’accorde et varie, abordant toute une gamme de sentiments sans jamais verser dans le style « attraction sonore » ou « bouche trou ». Une réussite.
P.S. : si vous voulez garder une telle opinion sur ce film, évite l’œuvre précédente de son auteur, trop proche pour être honnête…