Casa grande : le Brésil ne se résume pas à ses bidonvilles, sa forêt équatoriale et à l'insécurité de ses villes ; mais on les retrouve plus ou moins tous, d'une façon où d'une autre. Ce film évoque surtout cette petite bourgeoisie brésilienne, méconnues, aux aspects très américano-européens. Les plans y sont léchés, avec un parallélisme pas loin de faire des clins d'oeil à Kubrick, la photo lumineuse et les plans un rien rigides ; une façon de montrer ces nouveaux riches, englués dans un passé colonialiste, à la morale irréprochable et à la vie très carrée. Sauf que la démonstration est plutôt contraire et que, passé le stade de la découverte -que j'évoquerai ci-après- l'oeuvre ne rebondit jamais vraiment, ni scénaristiquement, ni formellement. Le drame reste sous-jacent, la réalisation guère probante (une scène caméra à l'épaule, les moments intenses filmés de la même façon que ceux plus posés). Et le film perd de sa valeur et de sa force. Reste un discours économique, politique et sociologique des plus passionants, une découverte en profondeur de ce pays, une façon fine et remarquable d'appréhender ses problèmes actuels, à travers une population hautement métissée en proi, elle aussi, aux tensions blancs / noirs - riches / pauvres. Les personnages y sont très bien dessinés et il est dommage que ce fond sociologique ne soit pas mieux porté cinématographiquement, sombrant dans une espèce de banalité. Notre curiosité intellectuelle permettra cependant de ne pas nous y ennuyer.