L'affaire Rachel Singer

Tout simplement brillant, et à plusieurs niveaux. C'est un film de faux semblants qu'aurait très bien pu nous concocter B. Singer -justement !-, un film où les personnages ne sont pas forcément les héros qu'ils paraissent être. Le début est tout simplement déroutant, totalement anachronique, sans doute un peu brouillon mais excusable si on le met en exergüe avec la fin ; un film qui va se fluidifier petit à petit, en passant par un superbe montage en parallèle, et nous offrir une scène, centrale par rapport à l'intrigue mais plutôt "anodine" en l'état, qui est une petite perle du 7ème art : mettre en avant nos sens, tout nos sens cinéphiliques pour nous projetter à la place d'un personnage : écoutez... Ce film nous trompe en nous laissant croire que l'on a une longueur d'avance sur une intrigue dont on connait la toute fin. Il lance cette fameuse intrigue en nous bousculant de questions qui paraitront, peut-être, peu intéressantes sur le coup : pourquoi se suicide-t-il ? Pourquoi est-elle gênée d'être honoré ? Pourquoi ce ressentiment envers son mari ? Pourquoi choisit-elle de lire ce passage du livre ? Et le film de se dévoiler peu à peu, de se réécrire, de s'éclaicir jusqu'au twist final. Un petit bijou d'écriture et une belle horlogerie jusque dans sa réalisation, des acteurs époustouflants (même si Worthington ne parviendra pas à faire jaillir complètement son personnage...), un sujet ambitieux et une multitude de thèmes qui prêtent à moult réflexions : la vérité et le devoir de vérité, la cause juive mais vu sous un angle nouveau, sans victimisation à outrance, ; mais également les thèmes de la vengeance et de la justice. Un film mature, pas parfait non plus, mais qui vous gardera le nez collé à l'écran.