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Johnny s'en va-t-en guerre
Dalton TRUMBO
Budget = 1 M$
BOX OFFICE France = ? / ? - ? 000 - ? 000 entrées
BOX OFFICE USA = - M$
BOX OFFICE Monde = - M$
 

Je conseille vivement de découvrir ce film avant de lire la critique suivante : c'est moins une question de spoilers que de pouvoir conserver entière toutes les émotions premières.
Johnny's got his gun est sans l'ombre d'un doute l'oeuvre la plus puissante et le plus virulente jamais réalisée à propos de la guerre : le chef-d'oeuvre du genre en quelque sorte. Violent, émouvant, satyrique et complet.
Sans une seule véritable scène de bataille le film s'impose grâce à un concept dévastateur : l'œuvre se concentre à 100% sur une pauvre victime des combats, dans un huit-clos psychologique étouffant et probant. Johnny s'en va-t-en guerre réduit l'individu, le soldat, à un morceau de corps à peine vivant, le réduit à l'état de conscience, conscience fragile, conscience immobile, conscience paralysée à de simples idées, pensées, réflexions, souvenirs. A partir de là on pourra aisément y voir une brûlante et douloureuse métaphore de la condition humaine vue par le prisme de l'armée : car ce soldat, ce corps ne possède plus de membres (comme s'ils appartenaient entièrement aux ordres de ses supérieurs), plus de visage pour être identifier (le fameux "soldat inconnu"), plus de langue (puisqu'il n'a le droit de crier son désaccord aux ordres donnés), d'oreilles, d'yeux pour témoigner (la violence sourde et aveugle), plus de sensations (ce qui lui permet de mieux pouvoir tuer), plus de nom (un simple matricule), presque un simple objet, une arme sans âme au service de la toute puissante nation.
Sur son "lit" d'hôpital le soldat pense, car il ne peut strictement rien faire d'autres que de s'imposer cette longue introspection : est-il d'ailleurs devenu à ce sujet l'exact antithèse du guerrier obéissant à qui l'on demande d'obéir sans réfléchir ? L'oeuvre est donc ponctuée d'instants de vie, de simples souvenirs, de simples rêves, de simples fantasmes, de bribes d'imaginaires, d'anticipation maladive, de fantaisie débridée. Et c'est de la sorte que le film humanise son héros tombé au front (oriniquement, sans l'ombre d'une bataille), le rapproche de nous autant que peut se faire à travers sa mémoire (seul partie du film tournée en couleur), depuis sa plus tendre enfance, ses liens avec son père, sa mère, jusqu'à sa première nuit d'amour, en passant par son incorporation, ainsi que tout ce qui jalonne la vie d'un jeune homme.
Johnny's got his gun
est également une réflexion sur la religion et la place de Dieu dans nos vie (voir plus loin), seul compagnon de la victime, et tout autant une méditation sur la place de la démocratie dans nos idéaux, le rôle ambigu de la guerre, la place du temps qui passe...etc. Un film qui dit beaucoup de chose sur la société américaine d'alors : le patronat, la paternité, les moeurs, l'amour, le destin, le rôle de la médecine...
Il est ponctué de dialogues absolument grandioses, comme cette phrase terrible et terriblement vraie ("Chaque homme affronte sa mort, seul") et cet ultime monologue absolument terrifiant... mais auquel je pourrais reprocher à titre personnel qu'il s'en prenne à Dieu alors que seuls les hommes sont responsables de leurs propres abominations et décisions : le libre-arbitre fait partie intégrante du monothéisme ; les humains font simplement les mauvais choix.
On navigue depuis des scènes bouleversantes (le discours lors de la foire imaginaire, le dialogue en morse, le chant lors de la fête de Noël, la mort du père et tellement d'autres) jusqu'en ces dernières images qui vous arrache un frisson d'horreur, l'expression d'une armée qui refuse d'assumer à la fois ses erreurs et son comportement inhumain.
La mise en images de Trumbo -seul et unique film à son actif en tant que réalisateur- s'attache à suivre les regards, les mouvements et les gestes des protagonistes. Usant d'images fortes.

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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