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INTERVIEW de Rémi BEZANCON, réalisateur de Le premier jour du reste de ta vie :

"Tu peux nous faire un petit briefing de ta carrière : comment es-tu arrivé sur un plateau de ciné ?

Bac scientifique, DeugA à Paris VII, ESRA (Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle), Ecole du Louvre (qui forme les conservateurs de musées nationnaux ;-) suivront 7 années de galère passées à apprendre à écrire des scénario, car je voulais devenir scénariste. Puis 3 courts-métrages dont les deux derniers produits par Mandarin, puis MA VIE EN L'AIR (2005) et LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE.

Le titre du film m'intrigue : je ne connaissais pas la chanson de Daho et je ne me souviens plus d'où vient cette expression... Tu peux m'éclairer sur ce point ? Quelle sens a-t-elle pour toi cette phrase ?

En fait nous sommes deux car moi non plus je ne connaissais pas la chanson de Daho... Le titre du film m'a été inspiré par une phrase du film AMERICAN BEAUTY de Sam Mendes, extrait de la voix-off de Kevin Spacey, je crois. Ensuite mes producteurs m'ont fait découvrir le tube de Daho que j'ai trouvé magnifique, on aurait dit que les paroles avaient été écrites pour le film. Donc on a acheté les droits pour la mettre au générique de fin. Merci Etienne ;-)

Le film a-t-il été écrit pour les 2 acteurs principaux (Gamblin et Breitman) ?

Non, je me refuse d'écrire en pensant à un comédien. D'une part pour ne pas être déçu s'il refuse ; d'autre part pour que mes dialogues ne soient pas trop "inspirés" par la façon de parler de l'hypothétique comédien pressenti pour le rôle.

Si on te forçait à choisir entre l'écriture et la réalisation, tu choisirais quoi et pourquoi ?

Sans hésiter, l'écriture. C'est là où tout se fait, c'est l'imaginaire débridé de toute contrainte, en gros c'est la base de tout.

Le film est plutôt chouchouté par la critique mais je sais que les auteurs ont rarement un droit de réponse sur les mauvaises critiques de leur film ; que répondrais-tu à ce journaliste (peu importe qui...) qui parlait de "nostalgie sirupeuse" et de "forme proche du téléfilm" ?

La nostalgie sirupeuse, c'est tellement spirituel ;-) Si la nostalgie est souvent sirupeuse c'est la faute aux sirops Teisseire de notre enfance. Plus sérieusement, je ne répondrais rien. Dire que mon film est proche du téléfilm est pour moi un aveu d'incompétence pour un critique digne de ce nom.

Ton registre semble être -pour le moment- la comédie, ou la comédie dramatique, des films plutôt intimistes : t'es pas inspiré par les films d'action, d'horreur, de SF ou les polars ??? En clair : t'aurais aimé réaliser L'incroyable Hulk à la place de Louis Leterrier ?

C'est marrant, j'ai rencontré Louis avec qui j'ai fait une interview croisée pour Ecranlarge.com. Le mec est super cool d'ailleurs. Je suis allé voir son film à sa sortie et j'ai été un peu déçu... Sinon, oui bien sûr, pourquoi pas. J'ai dans mes tiroirs un polar que j'ai écrit avant MA VIE EN L'AIR et que j'aime beaucoup. En revanche, la prolifération des "French Frayeurs" me gavent légèrement... tous ces réals qui font un film d'horreur moyen en France pour obtenir leur ticket pour Hollywood... je ne sais pas trop quoi en penser. La SF j'adorerais mais c'est très compliqué chez nous.

Les influences et les goûts de Rémi Bezançon au niveau cinématographique, c'est quoi ? Y-a-t'il des portraits de famille cinématographiques qui t'ont marqué ?

Influences diverses et variées : Kubrick, Spielberg, Kurosawa, Sautet, Scorcese, Leone... Comme portraits de famille, dernièrement il y a les films de Wes Andersen, LA FAMILLE TANNENBAUM et THE DARJEELING LIMITED qui m'ont bien plus. Sinon la saga italienne NOS MEILLEURES ANNEES.

Peut-on savoir comment tu aborde le "problème" de la musique dans tes films (un pote m'a fait remarquer que dans "le premier jour..." on reconnaissait le style musical de "Ma vie en l'air") : tu es très directif ou tu fais totalement confiance ?

Je choisi ma musique dès l'écriture, ça m'aide même quelques fois. J'ai des morceaux très précis en tête. Après il y en a certains dont on n'arrive pas à obtenir les droits pour des raisons financières, donc je cherche autre chose. Et puis Mathieu "SINCLAIR" Blanc-Francard entre en piste, il vient me voir en salle de montage pour que je lui montre les endroits où je souhaite qu'il mette de la musique, et quelques jours plus tard il revient avec ses propositions. Souvent les premiers essais sont à côté mais ça nous permet de parler plus en profondeur de ce que je cherche. Et au final, il arrive toujours à me surprendre, comme dans la scène du journal intime où je trouve qu'il a composé un petit thème très puissant qui me fait un peu penser au thème de la montre par Ennio Moricone dans ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS de Sergio Leone.

Ton film va faire à peu près 1 million d'entrées ; tu as une explication rationnelle (hors-mis que la qualité paie, bien sûr !) ?

LE PREMIER JOUR a sans doute été la contre-progammation idéale de l'été, l'alternative à tous les blocbusters américains. Pendant 3 semaines dans le Top 10 on était entourés de 9 films américains! Pourtant, quand j'annonçais ma date de sortie j'entendais beaucoup de "T'es malade!", "Fais pas ça!", "Tu vas droit dans le mur..." et autres "Mon pauvre, tu dois être vert, non?". Et bien non, j'ai toujours eu confiance en cette date de sortie estivale, c'était un pari, mais quand même c'était très stratégique en fin de compte. Et puis merde, c'est un métier où il faut savoir prendre des risques je crois.

Le personnage principal se nomme "Robert Duval" : clin d'oeil à un acteur de génie ou hasard ?

Les deux. Lorsque j'ai commencé à écrire le scénario, j'ai cherché un nom pour cette famille. Comme je n'avais alors que le prénom de la petite dernière, Fleur, je trouvais que Fleur Duval sonnait bien, ça rappelait un peu "Les Fleurs du mal" de notre ami Baudelaire, et par rapport à la personnalité de Fleur, c'était pas mal. Du coup je trouvais ça amusant que le père s'appelle Robert, petit clin d'oeil à l'acteur que j'adore bien évidemment. Et grace à ce clin d'oeil est née la scène chez le cancérologue.

J'ai une question extrêmement indiscrète que beaucoup de gens se posent : combien ça gagne un réalisateur comme toi (t'es pas obligé de répondre) ???

Pour MA VIE EN L'AIR en tant que scénariste/réalisteur j'ai gagné 70 000 € tout compris pour deux ans et demi de boulot. C'est une grosse somme, mais quand on la divise par 30 (le nombre de mois) c'est du coup beaucoup moins gros (même si ça reste encore un très beau salaire...). Pour LE PREMIER JOUR j'ai été payé 150 000€.

Tu peux nous parler de ton prochain film "Un heureux évènement" (si c'est toujours d'actu) et de tes projets ?"

Mon seul projet: j'adapte en ce moment UN HEUREUX EVENEMENT, un roman d'Eliette Abecassis. C'est une histoire de maternité à travers les yeux d'une femme. Très drôle, très beau, très touchant... pour la touche féminine j'ai décidé de travailler avec une co-scénariste qui s'appelle Vanessa Portal.

Voilà, j'espère que ça t'ira.
A bientôt,
cordialement,
Rémi.