On a toujours peur avec ce genre de film possédant un 
                  pitch aussi imposant, profondément génial, car 
                  souvent l'histoire s'y étiole au fil du récit. 
                  Mais ce serait, tout d'abord, sans compter sur la réalisation 
                  incisive de Danny, toujours dans la recherche formelle. Et ce 
                  serait également compter sans le traitement d'une uchronie 
                  fantasmatique et inédite de la plus intelligente des 
                  manières. 
                  Car Yesterday  ne se résume pas à 
                  un pitch. C'est avant toute chose l'histoire d'un artiste et 
                  d'une carrière (volée), posant nombre de questions 
                  aux spectateurs : qu'est ce qui fait le talent d'un artiste 
                  ? Ses textes ? Sa musique ? Un soupçon de personnalité 
                  ? Son apparition dans une époque porteuse ? C'est tout 
                  autant une réflexion sur la recette magique d'un succès 
                  avec ses interrogations inhérentes : est ce que le succès 
                  n'aurait pas un prix, très personnel ? C'est en tous 
                  les cas une oeuvre lucide et sans doute l'un des plus beaux 
                  films possible sur ce fantasme qui sommeille en chacun de nous 
                  : celui de devenir une star !
                  Et si le scénario est particulièrement épais, 
                  il faut comprendre que son personnage principal est à 
                  tous points de vue passionnant : loser qui attrape le succès 
                  lorsqu'il se présente mais qui saura se remettre en question, 
                  s'interroger en tant qu'homme face à la vie, face à 
                  la réussite, face à l'amour et face aux choix 
                  que tous êtres humains se doivent de faire pour avancer.
                  On n'échappera pas au regard caustique sur le monde de 
                  la musique et surtout sur celui du star system qui modèle 
                  les artistes indépendamment de leur talent et de leur 
                  personnalité, les transformant en produits de concommation, 
                  pensés, étiquettés et vendables. Et forcément 
                  jetables... 
                  Yesterday bénéficie assurément 
                  d'une bande son démente et restera le plus beau et le 
                  plus touchant des hommages au plus grand groupe de tous ces 
                  les temps... Oui : que serait le monde sans les Beatles, sans 
                  leur tubes immortels et sans leur musique ???
                  L'uchronie du film lui permet de dégager un humour totalement 
                  neuf et vraiment frais (le non respect devant ce chef-d'oeuvre 
                  absolu qu'est "Let it be" !! L'inexistence de bon 
                  nombre de symboles de la consommation), de plus il est extrêmement 
                  bien écrit, totalement irrésistible et hilarant 
                  (merci Richard Curtis, auteur de Love actually  
                  et 4 mariage et 1 enterrement). Il fait partie 
                  de ces oeuvres qui vous attrapent dès les premières 
                  images et vous tiennent par la main jusqu'à la toute 
                  fin. Plutôt que d'en rester sagement à son pitch 
                  d'exception, tout en restant un feel good movie sans temps mort, 
                  le scénario va se doubler d'une intrigue en filligramme 
                  (ces personnages discrets en fond de scène...), va épaissir 
                  ses personnages et trouver son créneau : il n'y a bien 
                  que la seule la vérité qui nous fasse avancer 
                  dans le bon sens de l'existence.
                  Grandiose. 
                NOTE : 15-16 / 20