We are what we are

On commence à installer une sacrée ambiance : des torrents de pluie et de boue, une photo grisée et étouffante, un cadre religieux et ambigu, le décès étrange d'une mère de famille, sa "maladie". Voilà un film qui nous prend à la gorge tout de suite et nous laisse dans le flou le plus complet, fébrile face au scénario et face à ce qui peut advenir de l'intrigue : j'en veux pour preuve ces scènes en cul-de-sac (celle de l'automobiliste en panne), l'intrigue qui se révèle au compte-goutte et les intrigues annexes qui vont toutes servir l'histoire (les disparues, l'histoire du livre, les ossement découvert). Petit à petit notre regard sur cette famille atypique, sa composition, ses secrets les plus enfouis, son histoire, va être bouleversé. Une oeuvre réellement somptueuse qui vous colle le nez à l'écran, s'épaissit continuellement et s'avère surtout d'une très grande richesse thématique (une métaphore de la religion ?), le montage et la réalisation étant loin d'être innocent dans la construction de notre plaisir, l'oeuvre ne versant jamais dans le gore bas de gamme. Un sujet déjà exploré -plutôt deux sujets déjà explorés et ici réunis- mais sur lesquels souffle un vent nouveau, une approche différente (notamment en rapport avec leurs motivations), d'une qualité rare, d'une force idoine et au final... déchirant. Une curiosité à découvrir de toute urgence si, par malheur, le jury du Festival de Gérardmer était aveugle cette année...