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Pinocchio
Guillermo DEL TORO - Mark GUSTAFSON
Budget = 35 M$
BOX OFFICE France = - entrées
BOX OFFICE USA = - M$
BOX OFFICE Monde = - M$
 

Ce Pinocchio n'est en réalité que la vibrante déclaration d'amour d'un père à son enfant : "My son, you are my shining Sun".
Guillermo Del Toro a pris très justement le parti d'entièrement réécrire -et même fortement secouer- l'histoire de Pinocchio, depuis sa trame de base jusqu'en son message, de se l'approprier pleinement afin de mieux impliquer le spectateur, le surprendre et ne jamais le laisser en reste. Mais également pour donner un nouvel éclairage à ce texte, donner une nouvelle raison d'être à cette histoire immortelle en secouant le matériau d'origine et ses multiples implications ; un peu à l'image de ce Gepetto imbibé d'alcool suite à la mort de son fils adoré... Del Toro se permet de supprimer ainsi des pans entiers du récit que l'on connaît tous par cœur afin de les remplacer par des considérations qui résonnent contemporainement -la montée du fascisme en Italie- et de donner un élan et une puissance considérable à son film.
Pinocchio redevient toutefois ce conte narrant l'apprentissage d'un enfant sur le chemin de la vie, cette coquille vide qui se remplit d'expériences, d'erreurs, de réflexions et d'apprentissages, faisant ici de l'indiscipline une métaphore sur l'idéologie fasciste dont le scénariste se moque effrontément : les enfants-ânes seront cette fois remplacés par des enfants-soldats et le terrible Mussolini semble aussi idiot qu'un D. Trump. Ce nouveau métrage étant traversé d'implications tout autant religieuses, historiques que, forcément, politiques, avec à la clé une réflexion aiguisée. Une réflexion centrée et poussée sur la mort et notre fragilité d'être humains, arguant d'amour et de deuil, de différence et de naïveté, de mensonges et d'enfance, ainsi que de la notion de parentalité, des liens pervers qui unissent le maître à son "esclave" (au sens le plus large du terme) qui n'ont nul besoin de chaînes visibles. Et finalement Pinocchio débouche sur une message limpide et tout à la fois profond : profitons de ceux qu'on aime car la vie, ou la mort, peut les éloigner ou même nous les prendre à chaque instant. Et à jamais.
Visuellement c'est un enchantement de chaque instant, un bijou de précions, de détails, un morceau de poésie émergeant de chaque des images : les séquences avec le monstre marin sont bluffantes, celles marines en générale sont étonnantes. A travers une animation d'exception (la stop motion) ou les noms adjoints de Jim Henson et G. Del Toro résonnent sublimement, on retrouve l'extrême minutie dans les décors, chaque décors, le design pointu et extrêmement personnel du maestro (la Mort est assurément un personnage de l'univers Del Toro) qui servent à sublimer la moindre parcelle de film. Malgré les contraintes techniques l'auteur se permet une réalisation emphatique et toujours élégante. Cela en fait une œuvre remplie de chaleur humaine, profondément touchante, traversée de chansons courtes mais percutantes ainsi que d'un côté sombre, lugubre et même d'une certaine violence qui n'a rien à envier aux œuvres produites par l'immense Tim Burton.
Une œuvre parfois perturbante tant on ne retrouve pas toujours ses marques, tant elle va loin dans son interprétation, sa réinterprétation du récit originel, et qui pourtant s'avère être à ce jour le plus bel hommage qui ait été rendu à l'oeuvre de Collodi ainsi qu'à son esprit. L'émotion irrépréhensible et juste de la fin emportera tous les suffrages...

NOTE : 17-18 / 20

La critique des internautes
 

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