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Metropolis
Budget = 6 MD
BOX OFFICE France = ? / ? - ? - ? 000 entrées
BOX OFFICE USA = - / 1,2 M$
BOX OFFICE Monde = - M$
 

Metropolis est sans conteste le plus grand chef-d’œuvre de l’expressionnisme allemand. Une oeuvre à la beauté plastique indéniable, une oeuvre gigantesque tant par ses décors, ses effets mécaniques, ses transparence où son esthétique que par la vision de son auteur. Lang a prévisualisé les problèmes de l’Allemagne bien avant l'heure : la montée du nazisme et ses conséquences, les problèmes ouvriers et la nouvelle mécanisation industrielle. Autant philosophique que social le film garde encore toute sa force et de très nombreuses thématiques y sont abordées : l'asservissement humain, les croyances, la manipulation politico-sociale (les machines que l'ouvrier ne comprend pas), la lutte des classes et même le transhumanisme. Jugez plutôt :
Les masses laborieuses, telles de vulgaires robots prêt à être remplacées, entrent et sortent de l'entreprise, de la cité ouvrière, tous uniformes, tous dans un rythme servile représentant un labeur abrutissant, lobotomisant qui finit par tuer littéralement ; et le film de démonter une révolution industrielle étouffante, visualisant les conséquences de ce que l'on connaissait déjà sous les nominations de "taylorisme" et "fordisme". Du pur génie.
Avec son architecture très froide et la symbolique marquée de la hiérarchisation sociale, le film fait office de précurseur : depuis ces jardins des délices tout en haut, au grand air et au soleil, jusqu'en ces usines situées dans les tréfonds de la terre, enterrées comme elles enterrent leurs ouvriers prématurément. Œuvre visuelle et visionnaire qui préfigurait également l'accroissement vertical et illimité de nos cités, nos centres villes envahi de lumière et de publicités, nos centres congestionnés et pollués, nos échangeurs routiers dantesques. Les décors homériques donnent l'impression de constamment écraser les êtres humains et, donc, de servir le propos du scénario.
Metropolis est également une vision socialisante de notre société où -dejà- le fossé entre les riches et les pauvres créait de l'animosité et de la haine, vision où la masse populaire s'insurge contre un traitement profondément inhumain, inégalitaire qui a remplacé l'esclavage par un système capitaliste où la seule différence se situe dans le fait que ces nouveaux serviteurs sont payés ; ils sont payés pour se loger et se nourrir. Là encore le film préfigure cette poignée de riches citoyens qui dirigent le monde à leur convenance, sans conscience aucune et grâce à leur immense fortune...
Metropolis c'est l'histoire d'un humain, être magnanime et altruiste qui comprend la dérive du monde dans lequel il vit, les conséquences inéluctables des aberrations que l'on prenait soin de lui cacher. Un homme fait de sentiments -puisqu'il s'avèrera être le "coeur"- à l'inverse de cet être robotique qui n'est alors que le symbole de la déshumanisation de l'espèce humaine : l'attrait aveugle pour le modernisme, la perfection et la beauté toute extérieure, le rejet des valeurs notamment religieuses. Le film de F. Lang est également une histoire d'amour quasiment mystique, loin des canons habituels.
Metropolis est un balai visuel gigantesque et d'une inventivité sans limites, fourmillant de visions à la modernité extraordinaire (notamment les systèmes de communication : ou quand la réalité rejoint la science fiction) et de thématiques d'une richesse renversante : celle de la Tour de Babel n'étant pas des moindres, métaphorisant ainsi la main d'oeuvre ouvrière étrangère, criant après le racisme grandissant de l'Allemagne et appelant à une véritable compréhension entre les peuples.
Quelques plans en mouvements et surtout en caméra suggestive prouvent à eux seuls le génie de leur auteur ; d'ailleurs aucun de ses plans n'est anodin. L'apocalypse final jouit d'effets spéciaux et de plateaux spectaculaires, magistraux, pour ne pas dire pharaoniques.
Le final demeure un vibrant appel à la réconciliation du grand capital avec la force ouvrière par l'entremise (du coeur) de plus d'humanité : une fois de plus on serait fortement tenté d'y voir une allégorie, un cri à l'égard des syndicats. Ou tout autre chose.

NOTE : 19-20 / 20

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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