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The green inferno

Eli ROTH
(10-11)

E. Roth est-il parvenu à retrouver l'essence des "cannibales movies" italiens des années 70-80, leur texture poisseuse, réaliste et "insoutenable" ? Oui et non... en fait c'est plutôt un hommage très personnel, un film qui se réapproprit le genre. Explications. La longue introduction, bavarde (pas forcément inintéressante d'ailleurs, au moins en terme d'approche) qui met les personnages en valeur, entre dans le vif du sujet en douceur et devient faussement profond (l'activisme écologique) nous prouvant que Roth a retenu une première leçon : les films qui lui ont servi de modèle pêchaient par un manque cruel de scénario, sous couvert de pseudo-reportage. Ici nous sommes dans de la pure fiction, de l'horreur porn mais jamais dans un semblant de snuff movie. Et le film gagne en qualité ce qu'il perd en efficacité. L'histoire donne un peu d'air à ce sous-genre, de teneur. S'il est loin d'être parfait (pourquoi les forestiers n'arrachent-ils pas illico presto tous les téléphones des mains des activistes ?), si le réalisateur a du mal à transmettre la sueur, la terreur, la crasse et la douleur de ses personnages, ne faisant jamais de son film un cauchemar sensitif, en immersion total, l'auteur connaît son sujet. Hors-mis ce parti-pris louable, nombres de scènes reprennent leurs classiques (les têtes au bout de piques, les corps charcutés, l'évasion...etc), le micro-budget est très bien exploité et visuellement aucune horreur ne nous est épargnée. Le film tient donc ses promesses et tout à la fois se démarque. Il lui manque seulement l'ambiguité qui en ferait une oeuvre dérangeante. Même la "morale" de l'histoire ne sait trop sur quel pied danser : les "sauvages" vont en fait bouffer leurs sauveurs (ce qu'ils ne savent pas...), et au final, s'il sont épargnés par la civilisation moderne, c'est que celle-ci est sans doute plus barbare qu'elle (???) ; ce qui explique à moitié la position de la survivante. On est quand même en droit de lui préférer le précurseur du genre : Cannibal Ferox, qui réunit tous les ingrédients.