Editorial
Filmographies
Le coin fantastique
Mail
Liens

 

Frankenstein
Budget = 45 M$
BOX OFFICE France = ? / ? - 511 000 - 1 175 000 entrées
BOX OFFICE USA = 11,2 / 22,0 M$
BOX OFFICE Monde = 112,0 M$
 

Mettons les choses au clair : cette version de Frankenstien est une relecture profonde et une réadaptation du roman d'origine, il différe dans quantité de détails de l'histoire (la mort de la mère, le métier du père, la découverte du fils, le destin d'Henry...etc), parfois jusque dans le caractère des personnages (Victor et Elisabeth s'engagent très tôt dans le film), bouleversant parfois le récit (la 1ère expérience sur l'électricité, les 1ères expériences sur les animaux) et ajoutant nombre de précisions afin de créer de nouveaux liens, en allégeant d'autres (pas de procès contre Justine ; l'histoire de la famille de l'aveugle ; la partie anglaise). De même le film gomme les aspects les plus morbides ainsi que la noirceur d'âme du roman originel, notamment la profonde dépression et les abominables cauchemars du héros. Il cède inévitablement à un besoin impérieux de condenser, besoin forcément frustrant... d'où certains passages un peu prompts qui auraient mérité une introduction à l'intrigue plus douce, un récit qui ne prend pas son temps et dont on sent trop souvent les coupes nettes et un peu franches. C'est un film qui allie pourtant la puissance dramatique et la déférence envers Whale (concernant la description du laboratoire et la naissance de la créature ; de même que celle de la fiancée), la fidélité d’un Smight et les qualités visuelles du réalisateur de Henry V, qui trouve l'esprit du livre tout en le changeant profondément, réinventant la trame et bouleversant la chronologie des faits avec délicatesse et dans un élan de besoin cinématographique.
Mais le fond de l'histoire est bel et bien présent : cet apprenti médecin voulant vaincre la maladie et la mort, prolonger notre existence terrestre, et qui, finalement, va créer la vie tel un Prométhée moderne, jouant avec les lois de la Nature. L'histoire d'un mortel confronté à la mort et luttant contre son inéluctabilité, se prenant pour Dieu ; croyant plus en la science qu'au Divin. Et les conséquences de ces actes seront bien pire que la mort elle-même.
K. Branagh livre une version léchée, assez théâtralisée, en tous les cas shakespearienne du livre de Shelley. J’y verrais pour ma part un certain modernisme (les plans en steadycam, l'alternance de plan cut et d’autres plus longs), souvent d'une grande intelligence (les personnages de Victor et de sa fiancée marchant en plan de séparation ; Victor la demande en mariage : ils sont réunis dans le même plan) et beaucoup de travail elliptique (le monstre vu un instant à trvavers une lucarne et la seconde d’après posant une main sur la bouche de la femme qui le regardait… un bel exemple de montage signifiant). Sans même évoquer les séquences symboliques : un laboratoire (ré) inventé, un aveugle qui lit dans les cœurs et tant d'autres. Frankenstein est un drame fantastique qui argue de mort et d'amour, la faucheuse planant comme une menace sur ce dernier. Le monstre est pathétique, capable du meilleur comme du pire ; souvent poussé au pire par la méchanceté inhérente des êtres humains.
Subtile, évitant les effets faciles et le tout visuel, le film à cette autre qualité, celle d’innover un thème rabaché : on est cloué dès le début par un mystère que l’on connaît pourtant parfaitement mais que l’on a hâte de découvrir. On peut même dire que, à l’instar des grands classiques du cinéma (le devriendra-t-il ?), il échappe à toutes classifications : c’est un drame à connotation fantastique emporté d’un souffle épique et mystérieux où se mêle amour, science, haine et folie, souffrance, psychologie, solitude, émotions, religion (beaucoup moins prononcé que dans le roman) ; autant de thèmes traités à travers ce monument classique aux teintes inoubliables ; le film est à l’image de cette scène où le créateur est en lutte avec sa créature venant tout juste de "naître" : une métaphore O combien géniale.
N'oublions pas les maquillages dont la réussite tient à la fois à leur réalisme anatomique qu'à la façon dont ils permettent à De Niro d'exprimer tout son talent. Et que la composition musicale est toute à la fois douce et grave, emportée et intimiste.

NOTE : 15-16 / 20

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

-