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La forme de l'eau
Budget = 19,4 M$
BOX OFFICE France = 2 716 / 41 465 - 335 000 - 1 363 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,2 / 63,9 M$
BOX OFFICE Monde = 195,2 M$
 

Et le film de débuter par un générique à tomber à la renverse : un rêve éveillé qui nous plonge littéralement dans l'univers thématique de l'oeuvre. Impossible de ne pas croire en ce conte : la photo prononcée qui vous invite à la rêverie, passant allègrement par les teintes bleues-orangées-vertes, la fantasmagorique et évocatrice musique d'A. Desplat qui vous plonge dans ce monde à part, et, enfin, la réalisation, brillante, harmonieuse et douce, à la grâce infinie d'un Del Toro qui réinvente sans cesse la poésie de l'image. Je m'emballe mais visuellement ce film est un chef-d'oeuvre. De plus il attire à lui le spectateur de par sa musicalité, notamment celle provenant des dialogues en apesanteur, de personnages particulièrement marqués : la femme solitaire et muette, le boss abominablemnt macho, la collègue obsédée par un mari invisible, l'agent double...etc. Et s'il risque de déstabiliser certains spectateurs, sans doute trop habitués aux ronrons hollywoodiens, c'est justement toute la force du film : nous voilà captivés par une espèce de monde intemporel -bien que très ancré dans les golden years pour les raisons que nous allons évoquer- pas loin d'être un peu irréel : quel est ce lieu secret où des agents du gouvernement américain mènent des expériences en pleine Guerre Froide ? Quelle peut bien être cette créature marine aux pouvoirs surprenants ?
Comme le titre le sous-entend, il y a une thématique forte qui submerge -si je puis dire-, et c'est celle de l'eau. C'est une matière que l'on va retrouver dans absolument toutes les scènes : sous la forme d'une pluie qui ne cesse de tomber sur cette ville, d'un océan qui semble la border, d'un simple verre rempli d'eau et permettant d'avaler un cachet, d'une baignoire à l'utilisation divers, d'un ou plusieur robinets, du bassin renfermant la créature, d'un rêve particulièrement inondé, d'une casserole qui cuira des oeufs, d'un seau pour nettoyer un sol souillé, d'une inondation quasiment érotique... L'eau qui nettoie, l'eau qui est la vie et sans qui la vie n'existerait pas.
Je le répète : La forme de l'eau est un film différent, particulièrement osé dans le sens où il confronte deux mondes et n'hésite pas à nous bousculer. On pourrait croire que, sur le papier, le film ne tient pas forcément la route, mais la magie opère sur l'écran grâce à une réappropriation du thème de la Belle et la Bête, mise en parallèle avec celui de Roméo & Juliette. C'est une oeuvre qui aborde la question de la différence de manière originale, mettant en avant des personnages qui ne se fondent pas forcément dans la masse, pour des raisons diverses et variées : la femme noire dans une Amérique raciste, l'héroïne muette qui peine à s'exprimer, le colocataire homosexuel, l'agent russe ; des personnages vieux, laids, monstrueux même, qui peuplent le film de Del Toro, auteur accompli qui continue de construire une oeuvre autour des "freaks", cette fois plus humains que jamais, mais tous étant des "créatures" rejetés par notre monde. En faisant continuellement des clins d'oeil au cinéma, il rend à la fois hommage aux séries B (la créature tient beaucoup de celle vue dans L'étrange créature du lac noir) et fait le lien entre les films de monstres d'autrefois et ceux plus modernes, comme celui-ci, où ces êtres difformes ou différents ne sont pas les méchants de l'histoire, ils sont même capables d'aimer. La femme muette aimera la créature mieux que sa collègue est aimée de son mari depuis des décennies ; et à l'inverse des grands films de genre classiques (l'étrange créature sus-citée ou encore King Kong), l'amour entre la femme et le monstre est réciproque. L'agent russe sera bien plus héroïque et avenant que les agents du gouvernement US. Les êtres les plus "normaux" devenant les plus monstrueux que les monstres eux-mêmes, cachant à l'intérieur ce que d'autres âmes portent sur leur corps : Shannon joue une fois de plus les bad guys : et c'est tant mieux car il est proprement génial !!!
Terminons en évoquant un final sublimissime où le "défaut" handicappant l'héroïne deviendra sa force, sa force de vie. Le charme opére : La forme de l'eau n'est que pure magie cinématograhique.

NOTE : 17-18 / 20

La critique des internautes
 

 

NOTE : - / 20

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